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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le Mont-Sainte-Anne, un autre dossier qui pourrit

Parmi les nombreux dossiers qui tournent en rond à Québec figure celui du Mont-Sainte-Anne, joyau dilapidé par l’inaction d’une entreprise albertaine

Une vue du Mont-Sainte-Anne, il y a quelques années.
Une vue du Mont-Sainte-Anne, il y a quelques années. Photo d'archives
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Photo portrait de Karine Gagnon

Karine Gagnon

2025-05-23T04:00:00Z
2025-05-23T04:20:00Z
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Parmi les nombreux dossiers qui tournent en rond à Québec figure celui du Mont-Sainte-Anne. Ce joyau québécois se voit dilapider par l’inaction d’une entreprise albertaine, alors que l’affaire pourrait vite se régler avec de la volonté politique.

Le dossier, auquel les omniprésents projets de transport font de l’ombre, a rebondi récemment lors des études de crédits à l’Assemblée nationale.

Le député péquiste Pascal Paradis, qui s’est intéressé au cas de près, déplore depuis plusieurs mois le manque de transparence du gouvernement.

L’élu considère que ce dernier n’a pas fait ses devoirs avant de promettre de verser 50M$ au gestionnaire du Mont-Sainte-Anne, Resorts of the Canadian Rockies (RCR), en échange d’un investissement de 50M$ de sa part.

Cette supposée entente a été annoncée en grande pompe juste avant Noël, alors qu’il ne s’agit dans les faits que d’une lettre d’intention.

Un enjeu national

M. Paradis a questionné le ministre Jonatan Julien, responsable de la région, à savoir si un bilan de gestion du site avait été préparé avant de formuler cette promesse.

Évidemment, on comprend que non. S’ajoute à cela le fait que la Sépaq ait choisi, en février, de confier de nouveau la gestion du secteur est à RCR.

La Sépaq venait pourtant de remporter un litige contre l’entreprise pour non-respect de ses obligations. La décision a soulevé l’indignation chez les citoyens. Une manifestation a eu lieu en mars.

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«Il y a quelque chose qui cloche, ce n’est pas un beau dossier, et il est dans notre cour», lance Pascal Paradis, qui y voit un enjeu national.

Loi spéciale

Face à un propriétaire qui laisse le site dépérir, de nombreuses voix réclament depuis longtemps son expropriation, ce qu’une loi spéciale permettrait de faire. Depuis son arrivée au pouvoir, en 2018, la CAQ s’y oppose toutefois.

Et comme l’entente de décembre n’est pas finalisée, cela signifie que le gouvernement s’est ajouté encore plus de pression.

«Il devra faire des compromis ou amener des délais additionnels, et le rapport de force restera dans la cour de RCR», expose Yvon Charest, homme d’affaires bien connu à Québec. Ce dernier s’est impliqué dans le dossier depuis 2019 avec les Amis du Mont-Sainte-Anne.

Selon M. Charest, le gouvernement a commis deux grandes erreurs dans ses négociations avec l’entreprise, qui n’a pas respecté les précédentes ententes d’investissements.

D’abord, il a pensé qu’un chéquier pouvait suffire. Ensuite, il n’a pas essayé de comprendre l’intérêt de l’autre partie.

Il rappelle qu’en dépit de plusieurs plans d’investissements, le seul montant qu’a sorti de ses poches le propriétaire de RCR, Murray Edwards, c’est cinq millions. «Avec cette somme, il fait encore des profits aujourd’hui. Et si le temps passe, son pouvoir de nuisance reste intact.»

Quel serait donc l’avantage de RCR d’investir 50M$? Il n’y en a aucun, d’où les délais intempestifs à conclure ne serait-ce qu’une entente de principe.

Exproprier au plus vite

Il n’est pas trop tard pour présenter un projet de loi sur l’expropriation, plaide M. Charest, qui y voit la meilleure solution de repli.

C’est à se demander si les décideurs n’attendent pas qu’un nouvel incident se produise.

Déjà, des gens ont été blessés lorsque des télécabines sont tombées en 2020. C’est arrivé dans une autre station de RCR, en mars, en Colombie-Britannique.

Avec les Jeux du Canada qui s’en viennent à Québec en 2027, c’est d’autant plus préoccupant. Il faut rétablir le sort de cette montagne, considérée comme l’une des plus belles en Amérique.

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