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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Assassinat d'Alexandre Livernoche: le «monstre» Mario Bastien bientôt libre?

La mère de la victime s’oppose à la libération du meurtrier qui lui a arraché son fils il y a 22 ans

Mario Bastien, que l’on voit avec la casquette et menotté, avait été qualifié de pédophile dangereux dans un rapport, quelques années avant de tuer sa victime.
Mario Bastien, que l’on voit avec la casquette et menotté, avait été qualifié de pédophile dangereux dans un rapport, quelques années avant de tuer sa victime. Photo d'archives
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Photo portrait de Laurent Lavoie

Laurent Lavoie

2022-09-11T04:00:00Z
2022-09-11T04:23:47Z
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La mère du jeune Alexandre Livernoche, dont l’assassinat sordide en août 2000 a ébranlé le Québec, fulmine à l’idée que le meurtrier de son fils, Mario Bastien, puisse demander à sortir de prison après deux décennies derrière les barreaux.

«Il faut qu’il reste en dedans, s’insurge Sylvie Girard. Ma vie est brisée. Pour moi, c’est comme si c’était arrivé aujourd’hui.»

Durant le procès, tous les regards étaient tournés vers Sylvie Girard, la mère d’Alexandre Livernoche.
Durant le procès, tous les regards étaient tournés vers Sylvie Girard, la mère d’Alexandre Livernoche. Photo d'archives

Jointe par Le Journal, la Trifluvienne de 61 ans était furieuse d’apprendre que le meurtrier de son fils, Mario Bastien, pouvait faire une demande de semi-libération conditionnelle depuis le 9 août dernier. 

Bien que le meurtrier a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération avant 25 ans, la semi-liberté a pour but de le préparer à une éventuelle libération conditionnelle totale.

Cela pourrait lui permettre de participer à des activités dans la collectivité tout en étant logé dans un établissement carcéral ou communautaire.   

  

Écoutez l'entrevue avec Sylvie Girard, mère d'Alexandre Livernoche à l’émission de Benoit Dutrizac diffusée chaque jour en direct 13 h via QUB radio : 

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Le 4 août 2000, Alexandre Livernoche, 13 ans, s’était retrouvé avec Bastien lors d’une journée de cueillette de concombres sur une ferme.

Après avoir kidnappé le garçon, Bastien l’a agressé sexuellement et lui a infligé de nombreuses blessures, dont plusieurs coups de couteau, avant d’enterrer son corps dans une sablière, à Sorel-Tracy.

La dépouille d’Alexandre a été retrouvée cinq jours plus tard.

À la mi-août, alors que Bastien avait été arrêté et mis derrière les barreaux, il a joint Le Journal pour confesser et détailler son crime.  

La Une du Journal de Montréal du 16 août 2000, après que l’assassin eut confessé son meurtre à une journaliste.
La Une du Journal de Montréal du 16 août 2000, après que l’assassin eut confessé son meurtre à une journaliste. Photo d'archives

 

«Un monstre»

Le quotidien avait alors titré sur sa page frontispice (voir photo) une citation frissonnante du meurtrier : «Je suis un monstre».

Une série de révélations a ensuite choqué le Québec.

L’affaire avait choqué la population québécoise au grand complet. Des citoyens s’étaient rendus à la sablière où la dépouille de la victime avait été retrouvée.
L’affaire avait choqué la population québécoise au grand complet. Des citoyens s’étaient rendus à la sablière où la dépouille de la victime avait été retrouvée. Photo d'archives

C’est que quelques mois avant de commettre l’irréparable, Mario Bastien était derrière les barreaux pour divers crimes, dont des fraudes, mais il avait été libéré de prison en raison d’une surpopulation carcérale.

Or, un rapport datant de 1997 de la Commission nationale des libérations canadiennes avait considéré Bastien comme un pédophile dangereux. 

Ce document n’avait toutefois pas été transmis à la Commission québécoise des libérations conditionnelles, rapportait La Presse en 2004.

Ces informations ont ainsi forcé l’Assemblée nationale à se pencher sur le fonctionnement du système carcéral.

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Douleur vive

«Celui qui l’avait libéré, je n’ai jamais su c’était qui», peste Sylvie Girard, jugeant que le gouvernement devrait encore aujourd’hui se pencher sur les failles de ce dossier.

À travers ces montagnes russes, la mère de trois enfants, qui ne croit pas à la possible réhabilitation de Bastien, raconte avoir vécu des périodes sombres depuis la mort de son fils.

«Je n’existais plus, je ne sortais plus, je ne mangeais plus».

Frappée au quotidien par des souvenirs d’Alexandre, elle ne pourra jamais faire complètement son deuil.

«Si tu savais à quel point il me manque, soulève-t-elle. Ce traumatisme-là, c’est à vie.»

La simple possibilité qu’un criminel puisse sortir de prison peut réveiller de fortes émotions chez les proches d’une victime, convient Arlène Gaudreault, présidente de l’Association québécoise Plaidoyer-Victimes.

«Ça les ramène à quelque chose de très douloureux, souligne-t-elle. Ils ne font pas nécessairement confiance aux décisions qui vont être prises [par les autorités].»


♦ La Commission des libérations conditionnelles du Canada affirme qu’aucun examen n’est prévu pour l’instant pour évaluer la libération de Mario Bastien, 51 ans, qui est emprisonné pour meurtre prémédité. Il sera admissible à une libération conditionnelle totale en 2025.

L’affaire Mario Bastien en quatre points marquants

AVEUX

Mario Bastien avait pris le temps d’appeler une journaliste du Journal depuis sa cellule pour raconter les circonstances sordides du meurtre du jeune Alexandre Livernoche. Mais il était aussi passé aux aveux après de longues heures lors d’un interrogatoire de police.

«Ç’a été long avant qu’il me verbalise son crime d’un bout à l’autre. Puis quand il te raconte ce qu’il a pu faire, le cœur te lève. Mais tu dois rester stoïque, poser des questions», avait dit en 2017 au Journal l’ex-enquêteur Roberto Bergeron, qui a passé au total près de 20 heures avec le criminel.

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L’interrogatoire vidéo d’un accusé était une procédure récente, donc peu connue du public. Certains, qui ont visionné cette vidéo à l’époque, se disent encore aujourd’hui impressionnés.


PASSÉ TROUBLE

L’histoire troublante de Mario Bastien a été dévoilée durant son procès. Il est né d’une relation incestueuse entre sa mère et le père de celle-ci.

Il a également été révélé qu’il avait subi des agressions sexuelles durant sa jeunesse.


BATAILLE JURIDIQUE

La bataille juridique entre les Livernoche et le gouvernement du Québec a été marquée par de longues négociations. 

En 2006, la famille a obtenu la somme de 90 000 $ dans une entente hors cour, loin des 850 000 $ demandés dans la poursuite.


DESCENTE AUX ENFERS

Le meurtre du jeune Alexandre a largement affecté ses proches. 

En 2010, Le Journal rapportait que le père, André Livernoche, aujourd’hui décédé, vivait dans un camion et devait quémander eau et électricité à un ami. 

Il était alors ruiné financièrement et avait d’importants problèmes de santé, écrivait-on.

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