Le ministre Jean Boulet ne sera pas patient avec la grève en construction
Aucune rencontre n’est prévue pour régler le conflit dans les prochains jours

Louis Deschênes
Le ministre Jean Boulet aura la mèche courte à propos de la grève de la construction alors que les négos sont au point mort.
«C’est l’heure de construire, on ne sera pas patient», a lancé dans un bref commentaire le ministre du Travail aux membres des médias de l’Assemblée nationale mercredi.

La semaine dernière, M. Boulet montrait déjà des signes d’impatience, évoquant la possibilité d’une loi spéciale.
Dans sa dernière offre déposée mardi, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) proposait une augmentation de salaire de 18% sur quatre ans, une troisième offre qui a été sèchement refusée par l’Alliance syndicale.
De l’autre côté de la table, l’union de cinq syndicats demande des augmentations de 24,35%, dont 8,35% dès la première année de l’entente.
Un fossé de 6%
Ce fossé de 6% fait craindre un long conflit. Aucune rencontre n’est prévue dans les prochains jours.

«On a bougé deux fois depuis la dernière semaine [...] Ce qu’on voit, c’est que le syndicat est encore assis sur la même proposition», déplore la vice-présidente à l’APCHQ, Isabelle Demers.
L’Alliance syndicale se colle sur les ententes des secteurs institutionnel et commercial, industriel et de génie civil et de voirie, qui ont obtenu une augmentation de 22% jusqu’en 2029.

«Je pense que la revendication est louable d’avoir les mêmes augmentations de salaire que les autres secteurs», affirme le porte-parole de l’Alliance, Alexandre Ricard.
«C’est certain qu’une grève dans le secteur de la construction résidentielle, c’est la dernière chose qu’on avait besoin en ce moment», répond la ministre de l’Habitation France-Hélène Duranceau, qui semblait aussi irritée que son collègue caquiste.
«Le temps qu’on perd en construction, c’est de l’argent [...] J’espère que les parties vont en venir à une entente rapidement», ajoute Mme Duranceau.
Travailleurs de remplacement
Comme l’industrie de la construction est régie par la loi R-20, il n’y a aucune interdiction d’utiliser des travailleurs de remplacement pendant la grève et les salariés peuvent travailler.
Les travaux de rénovation des particuliers sont aussi exclus de cette grève.
Selon l’APCHQ, près de 47 000 résidences unifamiliales et immeubles à logements de six étages et moins sont frappés par la grève dans le milieu de la construction résidentielle.
Ce secteur de 200 000 travailleurs représente moins de 20% des heures travaillées en 2024, comparativement à 80% pour les autres secteurs réunis.
– Avec Mathieu Boulay, Francis Halin et Stéphanie Martin
LES TAUX HORAIRES DE 12 EMPLOIS
- Arpenteur
37,43 $ à 44,20 $ - Briqueteur-maçon
24,53 à 44,38 $ - Carreleur
24,53 $ à 44,38 - Charpentier-menuisier
24,10 $ à 44,31 $ - Cimentier-appliqueur
27,81 $ à 43,47 $ - Couvreur
29,40 $ à 45,63 $ - Électricien
21 $ à 44,86 $ - Mécanicien de chantier
25,20 $ à 44,86 $ - Peintre
22,54 $ à 42,28 $ - Plâtrier
23,69 $ à 42,87 $ - Poseur de revêtements souples
21,97 $ à 43,27 $ - Poseur de systèmes intérieurs
24,10 $ à 44,34 $
LA CONSTRUCTION EN 3 CHIFFRES
298 200
Nombre de travailleurs
7,2 %
Proportion du produit intérieur brut
81 %
Pourcentage d’entreprises ayant moins de 10 employés
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