Le métier de paramédic s’autodétruit, estime un ambulancier
Il lance un cri du cœur pour sa profession dans une lettre ouverte diffusée sur les réseaux sociaux


Catherine Bouchard
Un paramédic de Lévis lance un véritable cri du cœur pour sa profession, qui est ni plus ni moins en train de s’autodétruire, estime-t-il, en raison des conditions de travail difficiles.
Olivier Lafrenière, ambulancier paramédic depuis 2003, estime que lui et ses collègues font face à un manque de considération généralisé pour le système préhospitalier. Cela s’ajoute aux conditions de travail difficiles maintes fois dénoncées par les travailleurs et qui ont empiré avec le manque d’effectifs.
«Il y a tellement d’arrêts de travail, de dépression. J’en ai fait partie, confie-t-il. Beaucoup de mes collègues souffrent, s’appauvrissent de plus en plus et tombent d’épuisement, dénonce M. Lafrenière. On en paie le prix de notre santé», ajoute-t-il en entrevue au Journal.
Il a décidé de se confier et de publier une lettre ouverte sur les réseaux sociaux «parce que je suis rendu là», dit Olivier Lafrenière sans hésiter. Il précise qu’il ne s’agit pas d’une démarche syndicale, alors que le débat des conditions de travail des paramédicaux fait régulièrement les manchettes.
Des appels à l’aide
Sur son téléphone cellulaire, il montre prudemment des échanges par textos où un collègue confie avoir tenté de s’enlever la vie, il y a quelques jours. Un autre – également d’une autre compagnie ambulancière – a été sauvé in extremis de l’irréparable, récemment.
«C’est le genre de messages que je reçois de plus en plus souvent», laisse tomber celui qui travaille aujourd’hui pour Dessercom.
Il a lui-même vécu une longue période de détresse avant de faire le difficile saut vers une ressource d’aide, La Vigile. C’était le jour de sa fête.
«Le plus beau cadeau», confie Olivier, qui y a séjourné à l’automne dernier.
Il tient à souligner que son employeur offre le meilleur programme d’aide aux employés qu’il leur est probablement possible d’offrir.
«Mais ce n’est vraiment pas assez», se désole-t-il. Il pointe du doigt le gouvernement provincial qui finance en partie les entreprises ambulancières privées.
Impact sur la relève
Ses collègues et lui bénéficient aussi d’excellentes assurances collectives qui, toutefois, leur coûtent cher. Et un arrêt de travail a un impact sur le salaire, ce qui peut freiner certains à demander de l’aide. Âgé de 45 ans, M. Lafrenière constate également que la relève parle déjà de quitter la profession en début de carrière.
«Les jeunes, on n’a pas de difficulté à les engager, on a de la difficulté à les garder», explique-t-il.
Les paramédics devraient avoir des salaires et des conditions comparables aux autres métiers de l’urgence, plaide Olivier Lafrenière.
«La reconnaissance salariale n’empêche pas l’exposition à des appels dramatiques, mais elle en reconnaît la cicatrice qu’elle laisse sur nos vies», a-t-il écrit dans sa lettre partagée sur les réseaux sociaux.
Dans ses rêves les plus fous, se plaît-il à dire, le paramédic souhaiterait rencontrer le premier ministre François Legault et le ministre de la Santé, Christian Dubé, pour leur communiquer son cri du cœur.
«Si je réussis à toucher le cœur d’une personne qui a des pouvoirs décisionnels, je vais avoir réussi», termine-t-il.
►La Vigile : 1-888-315-0007 🚨 (24 sur 24)
►Ligne de prévention du suicide : 1-866-APPELLE ou suicide.ca
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