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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Le message de Zelensky

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Photo portrait de Mario Dumont

Mario Dumont

2022-03-16T09:00:00Z
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Moment historique à la Chambre des communes : le chef d’un gouvernement en guerre prend la parole. En fait, Volodymyr Zelensky a utilisé la tribune pour s’adresser à nous tous. Il s’est efforcé de nous placer dans la peau des Ukrainiens. Si c’était la Tour CN, nos écoles et nos hôpitaux qui étaient frappés...

Son message nous rappelle que ce n’est pas seulement un pays qui est attaqué. L’invasion d’une démocratie par une dictature heurte et menace notre conception de la vie en société, notre modèle démocratique dans ce qu’il a de plus profond. Cette guerre surprise teste nos convictions à défendre les valeurs démocratiques que nous aimons vanter dans les cocktails.

Zelensky, un tribun aussi passionné que percutant, a répété devant notre Parlement des vérités que nous connaissons tous, mais qui prennent un autre sens dans la bouche du dirigeant d’un pays en guerre.     

  • Écoutez l'édito de Mario Dumont diffusé chaque jour en direct 17 h 27 via QUB radio :   

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Mourir pour sa vision

La démocratie, la liberté, nous en parlons tous les jours. Mais évoquer ces grands principes lorsque des militaires ET des civils engagés meurent quotidiennement pour les défendre, voilà qui résonne autrement.

Cela nous place devant des questions difficiles. Croyons-nous si profondément à ces valeurs ? Serions-nous prêts à nous battre et à mourir pour les sauvegarder ?

Presque 80 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, nous avons perdu totalement la notion de devoir nous battre pour notre conception du monde. L’expression « le monde libre », si centrale dans les années 1940, ne veut plus dire grand-chose pour les nouvelles générations.

Nous répétons des phrases entendues le jour du Souvenir, mais avons-nous une réelle conscience de leur poids dans notre histoire ? Le souvenir des morts sur les champs de bataille commence à être lointain, il reste de moins en moins de survivants pour raconter l’époque. On oublie... même si on insiste chaque année sur le devoir de mémoire.

L’allocution de Zelensky nous a replongés dans cette obligation de se tenir debout pour la liberté et la démocratie. Nous jouissons d’un privilège énorme de vivre dans un pays démocratique et libre. Nous choisissons notre gouvernement. Des partis politiques diversifiés alternent au pouvoir. Nous avons une presse libre, la liberté d’expression.     

  • Écoutez la rencontre Dutrizac – Dumont diffusée chaque jour en direct 7 h via QUB radio :   

Nous sommes privilégiés

Nous avons la liberté d’entreprendre, la possibilité de réussir en affaires sans l’approbation du gouvernement. Nous jouissons de la liberté d’association, de réunion, pour défendre nos idées et nos droits. Personne ne voit sa vie mise en danger du fait de ses opinions politiques. On comprend bien que les Ukrainiens, qui ont connu de l’intérieur l’époque soviétique, ne veulent plus jamais goûter à un gouvernement autoritariste.

Évidemment, le président ukrainien plaide pour son peuple et profite de chaque tribune pour demander de l’aide. Message simple : vous avez fait beaucoup, merci, mais pas assez : la guerre continue.

Le Canada a déjà franchi l’étape de fournir des armes, un geste courageux et nécessaire. Mais face aux demandes d’efforts supplémentaires, la réponse fournie hier par le gouvernement canadien me semble bien pâle.     

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