Le médicament Paxlovid reste sous-utilisé, selon des médecins et des pharmaciens
Depuis septembre, un peu plus de 41 000 Québécois ont reçu une prescription


Hugo Duchaine
Un peu plus de 41 000 Québécois ont reçu depuis l’automne le médicament Paxlovid, qui vise à réduire les symptômes graves de la COVID-19, mais des médecins et des pharmaciens croient qu’il reste sous-utilisé.
«Il est sous-utilisé, ça, c’est clair», tranche le Dr Donald Vinh, infectiologue et microbiologiste au Centre universitaire de santé McGill (CUSM).
Cette semaine, le directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau, indiquait qu’au moins trois millions de Québécois avaient contracté la COVID-19 cet automne.
Or, selon les données de la Régie de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ), un peu plus de 41 000 prescriptions du Paxlovid ont été remises depuis septembre. Plus de la moitié proviennent des pharmaciens, autorisés à le faire.
Dès la mi-décembre
Le médicament, sous forme de comprimés, a été particulièrement sollicité à partir de la mi-décembre, avec plusieurs jours dépassant les 100 prescriptions, notamment entre Noël et le jour de l’An.
Depuis le 1er septembre 2023:
- 41 123 prescriptions de Paxlovid (par des médecins, des pharmaciens ou des infirmières praticiennes spécialisées);
- Dont 27 289 provenaient de pharmaciens.
Du 4 au 10 janvier 2024: 497 prescriptions
Du 28 décembre 2023 au 3 janvier 2024: 774 prescriptions
Du 21 au 27 décembre 2023: 680 prescriptions
Du 14 au 20 décembre 2023: 694 prescriptions
Source: RAMQ
Le président de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), Benoit Morin, souligne que les critères d’admissibilité ont récemment été assouplis. Le médicament Paxlovid est destiné aux personnes sévèrement immunosupprimées ou à celles de 60 ans et plus, à risque.
«On pourrait faire mieux collectivement», dit-il. Selon lui, il pourrait y avoir davantage de sensibilisation auprès des patients, qui doivent avoir un test de dépistage positif. Le traitement doit aussi être amorcé dans les cinq jours suivant l’apparition des symptômes.
Le Dr Mathieu Simon, chef du département de soins intensifs à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), estime lui aussi que le Paxlovid n’est pas prescrit à plein rendement.
«Il serait encore utile chez beaucoup de patients qui n’en sont pas conscients», fait-il valoir.
Plusieurs interactions
Cependant, le médicament présente beaucoup d’interactions avec d’autres médicaments, rendant la tâche de vérification ardue et lourde. Si des cliniques spécialisées ont effectué le travail en amont pour certains patients, dit-il, ce n’est pas le cas pour tous les aînés.
«L’accès est certainement un obstacle qui empêche son utilisation», précise le Dr Vinh, ayant vu des patients se voir refuser ces comprimés, notamment parce qu’ils ne pouvaient pas voir un médecin rapidement ou qu’un pharmacien ne se sentait pas à l’aise dans la longue vérification des antécédents de santé.
Clientèle cible pour le traitement par PaxlovidMC
- Une personne adulte de plus de 18 ans avec une immunosuppression sévère;
- Une personne de 60 ans et plus, après évaluation du risque individuel tenant compte de l’âge, de l’immunité et du nombre de maladies ou de conditions concomitantes qui augmentent le niveau de risque de complications de la COVID-19;
- Une personne adulte de moins de 60 ans avec au moins une maladie ou condition concomitante qui augmente le niveau de risque de complications de la COVID-19 et après évaluation du risque individuel tenant compte de l’âge, de l’immunité et du nombre de comorbidités;
- Une personne enceinte, après une évaluation du risque individuel tenant compte de l’âge, de l’immunité, de l’âge gestationnel et du nombre de maladies ou de conditions concomitantes qui augmente le niveau de risque de complications de la COVID-19;
- Une personne de moins de 18 ans avec au moins une maladie ou condition concomitante qui augmente le niveau de risque de complications de la COVID-19, après une évaluation du risque individuel tenant compte de l’âge, de l’immunité et du nombre de comorbidités.
Source: Gouvernement du Québec
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