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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Le mauvais «deal» de 500 millions $ de Québec dans Innergex

Illustration Innergex
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Michel Girard

2025-08-28T04:00:00Z
2025-08-28T04:10:00Z
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Dans un contexte où chaque dollar public compte, le gouvernement Legault vient de signer un chèque de 500 millions$ à Innergex. Mais ce qui choque, c’est ce qu’il a obtenu très peu en échange.

Quand on investit un demi-milliard de fonds publics, on s’attend à un retour stratégique. Or, Québec s’est contenté de miettes.

Sur les 500 M$ que le gouvernement Legault a injectés dans Acquisition Renouvelable INGX (Innergex)  par l’entremise d’Investissement Québec, il détient des droits de vote et de participation à la croissance du capital que sur une très faible portion de son investissement.

Pourquoi? Parce que Québec s’est contenté d’obtenir des actions ordinaires (avec droit de vote et de participation à la plus-value du capital) pour seulement 100 M$, soit à peine 20% de la somme investie.

Aucun droit de vote

Le restant, soit 400 M$, a été investi dans des actions privilégiées. Ce type d’actions ne lui procure aucun droit de vote ni de participation à la croissance future de la valeur d’Innergex.

Le gouvernement se contente donc de recevoir sur ces 400 M$ uniquement un rendement en fonction des dividendes versés.

«Le choix du gouvernement d’investir 400 M$ en actions privilégiées visait notamment à structurer rapidement une offre d’achat québécoise visant à éviter une acquisition par des étrangers, s'est justifié le cabinet de la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette. Pour assurer le maintien au Québec du siège social d’Innergex et de ses principaux dirigeants, ces actions sont assorties de conditions applicables. Les détails de ces conditions sont toutefois confidentiels.»

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«Effectivement, les actions privilégiées ne donnent pas de droits de vote», ajoute-t-on, ni de participation à la plus-value éventuelle d’Innergex.

Mais le cabinet de la ministre Fréchette tient à préciser: «Un rendement est toutefois exigé sur les actions privilégiées, et les 100 M$ en actions ordinaires détenues par le gouvernement permettent quant à elles de participer à l’accroissement de la valeur de l’entreprise.»

Pas de vos affaires!

Avant qu'on accepte de répondre à mes questions, La Caisse avait refusé de me donner des précisions sur les modalités et conditions des actions qu’elle a émises au gouvernement Legault en retour de son investissement.

«Ce n'est pas La Caisse qui a émis les actions à ce moment, mais plutôt Innergex, qui est maintenant une compagnie privée», m’a répondu la porte-parole de la Caisse.

On nous prend pour des naïfs!

Qui a effectué l’offre publique d’achat de 2,7 G$ sur Innergex? La Caisse.

Qui contrôle la compagnie Acquisition Renouvelable INGX qui a intégré les actifs d’Innergex? Gestion Renouvelable INGX Inc.

Qui est le premier actionnaire de Gestion Renouvelable INGX et bénéficiaire ultime? La Caisse.

Qui est le deuxième actionnaire de Gestion Renouvelable INGX? Noverco.

Qui est le premier actionnaire de Noverco? Trencap S.E.C.

Qui est le bénéficiaire ultime de Trencap S.E.C.? La Caisse avec plus de 75% des votes et de la juste valeur marchande.

Avec le manque de transparence dont vient de faire preuve La Caisse, ce ne sera pas facile d’avoir l’heure juste sur Acquisition Renouvelable INGX, la nouvelle filiale de La Caisse qui contrôle Innergex.

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