Santé: le marathon commence pour la réforme Dubé
Une quarantaine de groupes viendront témoigner en commission parlementaire


Patrick Bellerose
Christian Dubé entame aujourd’hui un marathon de consultations au sujet de sa vaste réforme du réseau de la santé. Parmi les premiers groupes entendus, les gestionnaires des hôpitaux, CHSLD et autres établissements réclameront des ressources et une autonomie accrue en échange de leur nouvelle imputabilité décrétée par Québec.
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Le ministre de la Santé entendra 40 groupes en commission parlementaire d’ici le 23 mai prochain. Syndicats, ordres professionnels et chercheurs viendront disséquer son projet de loi de 1180 articles, une refonte législative d’une ampleur rarement vue à Québec.
Christian Dubé y propose de modifier 37 lois, en plus d’abroger celle du ministre Gaétan Barrette qui avait aboli, en 2015, les agences de santé pour les fusionner en CISSS et CIUSSS.
Au cœur des préoccupations, les acteurs du réseau ne s’entendent pas à savoir si le projet de loi 15 viendra centraliser davantage les pouvoirs au sein de la nouvelle agence unique, nommée Santé Québec, ou déléguera plus de responsabilités aux gestionnaires qui seront nommés à la tête de chaque hôpital, CHSLD et autres établissements.
Centralisation ou décentralisation?
Pour le principal syndicat des infirmières, Santé Québec poursuit dans la même veine que la réforme Barrette.
«Est-ce que les fusions d’établissements ont amélioré les conditions de travail des professionnelles en soins? La prochaine fusion annoncée donnera-t-elle de meilleurs résultats? C’est ce que l’on souhaite, mais si le passé est garant de l’avenir, on peut avoir des raisons d’en douter», affirme la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), dans une récente communication à ses membres.
Du côté de l’Association des cadres supérieurs de la santé et des services sociaux, la PDG accueille favorablement la volonté du ministre, mais reconnaît que plusieurs questions demeurent en suspens.
Autonomie
«Je pense qu’il faut laisser la chance au coureur pour savoir où on s’en va avec ça», affirme Carole Trempe.
Les gestionnaires de proximité plaident aussi pour un changement. «Le statu quo, pour nous, n’était pas viable», lance Danielle Girard, PDG de l’Association des gestionnaires des établissements de santé et de services sociaux.
Mais toutes deux réclament les moyens appropriés pour atteindre les objectifs qui seront dictés par Québec. Après tout, le ministre affirme que les gestionnaires seront désormais tenues responsables des résultats sur le terrain.
«Quand on est imputable et responsable, c’est entendu que ça prend des ressources pour livrer», dit Carole Trempe.
Danielle Girard abonde dans le même sens, mais demeure prudente. «Ce qu’on entend du ministre, c’est qu’il souhaite que ça fonctionne mieux et qu’on ait les ressources. On salue ça. Maintenant, on a eu beaucoup de réformes où il y a eu bien des déceptions de nos membres. Donc, chat échaudé craint l’eau froide», souligne-t-elle.
Agences privées de placement
Le ministre Dubé pourra débuter ses consultations avec une victoire en poche: l’Assemblée nationale a adopté mardi son projet de loi pour cesser graduellement d’avoir recours aux agences privées de placement de personnel.
Il s’agit d’un des éléments de son plan pour réformer le réseau. Quelques semaines auparavant, Québec avait adopté un autre projet de loi pour faciliter le partage des données dans le réseau.
«Donc, le deuxième morceau du casse-tête commence à se placer, ce que je trouve très encourageant pour l’avenir», a commenté le ministre dans le corridor du parlement.
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