Le Marathon Beneva enfin de retour
Québec retrouve ses marathoniens dimanche après deux années d’absence


Simon Baillargeon
Privées de ses milliers de coureurs durant les deux dernières années, les rues de la Vieille Capitale s’apprêtent à vibrer à nouveau au son des foulées de quelque 8000 participants qui prendront part à une édition «quasi normale» du Marathon Beneva de Québec, cette fin de semaine.
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Il y avait une certaine fébrilité dans l’air quand Marianne Pelchat, productrice déléguée chez Gestev, a donné le coup d’envoi officiel de l’événement mardi matin, dans le grand hall du Centre Vidéotron, non loin de l’endroit où seront situées les lignes de départ et d’arrivée.
«Ça fait du bien», a lancé Mme Pelchat, un brin soulagée de ce «quasi-retour à la normale» après deux années d’absence en raison de la pandémie. «En termes sportifs [...] de l’ampleur du Marathon, à 8000 coureurs, c’est notre plus important [événement].»
Pour son grand retour, l’organisation avait annoncé en mai dernier un tout nouveau parcours « carte postale » qui mettra en valeur Québec. Trois arrondissements et neuf quartiers seront visités par les marathoniens. Près de la moitié du trajet a été revu.
La nouvelle mouture, prédit Marianne Pelchat, sera «plus rapide» et plus «facile».
«La topographie de la ville étant ce qu’elle est, il y a un moment donné une montée entre la Basse-Ville et la Haute-Ville. Dans l’ancien parcours, ça avait lieu à peu près au 24e kilomètre.
On sait que sur 42 kilomètres, quand on se rapproche du 30e, ça vient plus ardu. Dans le nouveau parcours, c’est au 12e kilomètre. [...]. Puis, il y a des plus longs faux plats descendants.»
Elle compte bien rester près de la ligne d’arrivée pour entendre les commentaires des participants. «Le meilleur feedback, on va l’avoir en fin de semaine», assure-t-elle.

Appels à tous entendus
Les appels à tous pour trouver quelque 200 bénévoles manquants ont trouvé écho dans la population, se réjouissait également Marianne Pelchat.
À la fin du mois d’août et la semaine dernière, l’organisation a lancé un cri du cœur puisqu’elle manquait de bras pour s’occuper des coureurs. «Tout de suite après l’appel à tous [...], le mercredi suivant, les 200 postes étaient comblés.»
Pour une troisième année, l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec – Université Laval sera sur place pour appuyer l’équipe médicale du Marathon.

Sage conseil
Le Dr Jean Perron, chirurgien cardiaque, y est d’ailleurs allé d’un sage conseil pour les coureurs qui prendront les rues de Québec d’assaut.
«Écoutez-vous», demande-t-il aux athlètes qui pourraient ne pas se sentir bien durant l’épreuve.
«À la fin d’une épreuve comme ça, les symptômes sont mélangés. Est-ce que c’est mon cœur? J’ai-tu une petite crampe? C’est plus sécuritaire de trop s’écouter que de pas assez s’écouter.»
La journée de samedi sera consacrée aux jeunes (2 km) et aux familles avec le 5 km de la santé Beneva. Les départs du 10 km Sports Experts, le 21,1 km Kyndryl et le marathon Beneva (42,2 km) seront donnés dimanche.
Un 100e marathon à l’âge de 76 ans
Courir un marathon est une chose. Courir un 100e marathon à 76 ans alors qu’on se remet d’un tour de reins est une tout autre paire de manches, mais c’est le défi que relèvera un vétéran aguerri de la course à pied.
Un problème à l’ischiojambier survenu dans le dernier mois suivi d’un tour de reins il y a un peu plus d’une semaine ne freinera pas Gilles Lacasse. Malgré ses problèmes de santé, il sera sur la ligne de départ de la Place Jean-Béliveau dimanche matin.
«Je suis passé par toute la gamme des émotions. J’ai pas été chanceux depuis un mois», constate M. Lacasse.
Sauf qu’il en faut un peu plus pour décourager l’expérimenté coureur. «C’est mon 100e et j’en ai vu d’autres!» ajoute-t-il avec conviction.
Aller à son rythme
Plusieurs des membres de sa famille immédiate seront sur place pour souligner l’exploit.
Un exploit auquel M. Lacasse a commencé à penser quand il a bouclé son 85e marathon, à l’âge de 70 ans.
L’ancien vétérinaire pour animaux de ferme pendant 43 ans dans le comté de Portneuf ne sait toutefois pas quand il accrochera ses espadrilles. Il n’est pas rendu là.
«Tant que je serai capable», répond-il quand le sujet est abordé.
«J’ai du plaisir au départ. C’est fou de dire ça. Je me mets à l’arrière et je regarde le lot de coureurs et de coureuses devant moi, et je les trouve tellement bons. Tu ne peux pas être au départ d’un marathon si tu ne t’es pas entraîné. Ces gens-là, je les trouve bons parce que je me dis qu’ils ont fait plus que la moyenne des gens qui s’entraînent un petit peu chaque jour.»
Petite pause
La sagesse acquise au fil des sorties lui permet d’oser un conseil pour les coureurs débutants.
Du haut de son expérience, il leur recommande de «changer [leur] attitude» devant le défi.
«On dirait que les gens, ils ont peur de dire : j’ai couru le marathon, mais j’ai été obligé d’arrêter, j’ai été obligé de marcher une minute ici, deux minutes là. Il faut que les gens se disent je cours un marathon, je vais prendre une petite pause. [...] ils vont arriver en meilleure posture et ils vont avoir eu le plaisir d’avoir couru un marathon et ne se seront pas occupés du temps. Il faut s’en tenir là», analyse-t-il.
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