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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le manque de stabilité va finir par tuer le CF Montréal

Photo Getty Images via AFP
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Photo portrait de Marc de Foy

Marc de Foy

2025-03-25T23:00:00Z
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Le congédiement de Laurent Courtois à la barre du CF Montréal n’a suscité que des haussements d’épaules. Au plus des railleries. Car les changements d’entraîneur sont devenus une norme avec cette équipe. Quand les choses ne vont plus avec l’un, le siège éjectable s’active et un autre y prend place.

Comme au temps des Expos, le CFM compose avec l’une des plus petites masses salariales de sa ligue et dépense peu sur le marché des transferts. Mais, depuis l’an dernier, ça va encore plus loin.

L’organisation n’a plus de directeur sportif comme tel depuis le départ d’Olivier Renard. Quatre personnes se partagent le travail sur le plan des opérations soccer. Ce sont Luca et Simone Saputo, deux des trois fils du propriétaire de l’équipe, l’autre étant Corey Wray.

Les trois se rapportent au président Gabriel Gervais, qui a aussi mainmise sur le rendement de l’équipe sur le terrain depuis que Renard est parti.

Le propriétaire Joey Saputo passe plus de temps avec son équipe de Bologne, qui joue en première division italienne. Mais, selon certains observateurs montréalais, c’est encore lui qui tire les ficelles chez le CFM.

Pourquoi autant de changements?

Ce qui nous amène à cette question: si les espoirs de succès du CFM doivent reposer uniquement sur le développement de ses joueurs, pourquoi changer continuellement d’entraîneur-chef?

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Le successeur de Courtois, Marco Donadel, est le 11e à s’amener au poste en 13 ans dans la MLS.

Ça ne fait pas sérieux.

Comment une équipe, tous sports confondus, peut-elle offrir un rendement stable quand son personnel de direction subit perpétuellement des changements?

N’importe qui vous dira que la stabilité est importante. 

Personne n’aime vivre dans le vide.

Les Rays, eux, s’en tirent bien

Au baseball, les Rays de Tampa Bay, qui fonctionnent avec des paramètres identiques à ceux du CFM, misent sur le même entraîneur-chef depuis 2015. Kevin Cash entreprendra sa 11e saison à ce poste vendredi.

Qui plus est, ils arrivaient à bien performer avant de connaître une baisse de régime l’an dernier. Avant ce ralentissement, ils avaient participé aux séries éliminatoires cinq années consécutives. Ils avaient même atteint la Série mondiale lors de la saison écourtée à 60 matchs en 2020, s’inclinant en six matchs devant la grosse machine des Dodgers de Los Angeles.

Felipe Alou était en train d’y arriver avec les Expos en 1994, lui qui avait déjà réalisé des prodiges à sa première saison complète dans le rôle d’entraîneur-chef l’année précédente.

Du côté du Canadien, la culture gagnante que Martin St-Louis disait vouloir instaurer à son arrivée derrière le banc en 2022 est en force aujourd’hui.

Même l’ancien propriétaire des Yankees George Steinbrenner a compris un jour que son équipe n’arriverait à rien sans maintenir une stabilité à des postes clés. Malgré deux conquêtes consécutives de la Série mondiale en 1977 et 1978, celui qui se surnommait lui-même «The Boss» a procédé à 20 changements d’entraîneurs de 1974 à 1995.

Le comble est qu’il a embauché et congédié Billy Martin cinq fois au cours de cette période!

Après 17 ans sans championnat, il a décidé de faire confiance à Joe Torre, qui lui a procuré quatre autres bagues de la Série entre 1996 et 2000 et une douzaine de participations d’affilée aux séries.

Les partisans laissés pour compte

Les amateurs de sport de Montréal ne sont pas différents de ceux de New York. Eux aussi veulent encourager des équipes gagnantes.

C’est légitime.

Mais, depuis trop longtemps, le CF Montréal n’honore pas son mandat avec ses partisans. Ses dirigeants peuvent s’estimer chanceux d’attirer encore des foules satisfaisantes lors des belles soirées d’été et lorsque les familles convergent vers le stade Saputo les dimanches après-midi, mais ils devraient savoir que ça pourrait prendre fin un jour. 

Le CF Montréal ne bénéficiera jamais de l’impunité dont profite le Canadien. Il est grandement temps de changer la donne.

Ses partisans méritent tellement mieux.

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