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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Décès de Pierre Coriolan: le manque de formation des policiers ciblé

Photo d'archives
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Agence QMI

2022-02-16T15:30:21Z
2022-02-16T16:14:59Z
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Les policiers qui ont abattu Pierre Coriolan en 2017, un homme «en crise et probablement déconnecté de la réalité au moment des événements» n’avaient eu aucune formation sur la façon d’aborder ce genre de situation.

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C’est l’un des constats que fait le Bureau du coroner dans son rapport d’enquête publique rendu disponible mercredi. «Pour moi, cette situation est problématique et inacceptable», a soutenu le coroner Luc Malouin dans son rapport de 33 pages.

Le témoignage de deux experts a notamment déterminé que l’opération «aurait eu avantage à se faire plus lentement».

Les agissements du sergent Michon, alors responsable de l’opération, ont notamment été analysés par le coroner, qui a jugé qu’il «aurait dû rester en retrait pour garder un regard complet et objectif sur l’opération».

«En participant directement à l’opération, il perd l’objectivité nécessaire pour bien guider les policiers», est-il possible de lire dans le rapport.

Le responsable était par ailleurs le seul des agents présents à savoir que M. Coriolan était possiblement seul dans son logement. «Il aurait dû partager cette information avec l’ensemble des policiers», a statué le coroner Malouin.

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Le manque de formation des policiers en opération auprès des personnes en crise est donc «le plus grand problème de cette intervention», selon le coroner.

«Ils ont donc agi avec des méthodes dépassées et aucunement à jour avec les connaissances actuelles», a-t-il affirmé, rappelant que tous les policiers travaillaient au poste de quartier 21, «un secteur où il y a beaucoup d’itinérants et de personnes ayant des problèmes de santé mentale et/ou de consommation».

Pierre Coriolan a été abattu par des policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) le 27 juin 2017. L’homme de 58 ans était en crise et armé de tournevis quand six agents se sont présentés dans un appartement de la rue Saint-André, dans l’arrondissement de Ville-Marie, où il faisait du tapage.

L’utilisation d’un pistolet à impulsion électrique et de balles de caoutchouc n’ayant pas réussi à le maîtriser, les policiers ont ouvert le feu en direction de la victime, qui est décédée à l’hôpital. Selon les conclusions du coroner, cette intervention a mené à «une mort violente».

Le décès a alors fait l’objet d’une enquête du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), dont le rapport a été soumis au Directeur des poursuites criminelles et pénales, qui n’avait porté aucune plainte contre les policiers impliqués dans l’événement.

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Une bonification de la formation «essentielle»

«Si une chose doit changer et permettre de donner un sens à ce décès, c’est de mieux former les policiers pour faire face à des personnes qui sont malades ou intoxiquées et qui n’ont plus de contact avec la réalité», a affirmé le coroner Malouin.

Seize recommandations ont ainsi été formulées dans ce rapport, qui sont notamment destinées au ministère de la Sécurité publique du Québec, ainsi qu’au SPVM et à la Ville de Montréal.

L’obligation pour chaque policier de réaliser une formation continue annuelle en collaboration avec l’École nationale de police du Québec, mais aussi l’accélération du rythme de ces formations et la priorisation de la formation aux personnes en autorité dans un poste de police font partie de cette liste.

Près de 4 % des appels de citoyens demandant l’aide du SPVM concernaient des personnes en crise entre 2015 et 2020, selon des statistiques fournies par la Ville de Montréal.

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