Avec un salaire de 212 000$: le maire le mieux payé du Québec est... à Varennes
Martin Damphousse a été mieux payé en 2022 que Valérie Plante et Bruno Marchand
Dominique Cambron-Goulet et Olivier Larose-Desnoyers
Le maire de Varennes est devenu en 2022 l’élu municipal le mieux payé au Québec, avec un salaire de 212 046$, détrônant l’ex-mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, qui occupait la première place depuis 2018.
Le salaire de Martin Damphousse peut paraître surprenant, puisqu’il dirige une municipalité d’à peine plus de 21 000 habitants.
Il se hisse devant les maires de toutes les grandes villes du Québec, bien que sa ville arrive au 54e rang en termes de population.
Total annuel des indemnités de base et indemnités additionnelles
«La mairesse de Montréal comme d’autres [NDLR: Longueuil, Laval et Québec par exemple] ont fait le choix politique de plafonner leur salaire. C’est leur choix à eux», souligne M. Damphousse.
C’est en cumulant de nombreuses fonctions en dehors de sa municipalité qu’il a atteint le sommet du palmarès.
Ses fonctions de maire lui ont rapporté un peu plus de 117 000$ en 2022, auxquels s’ajoutent 94 000$ pour être notamment au comité exécutif de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), administrateur de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), ainsi que préfet de la MRC Marguerite d’Youville.
«C’est l’addition des fonctions, c’est tout», explique le maire de Varennes, qui juge que sa rémunération est justifiée.
Parent détrônée
Durant les quatre années précédentes, c’est la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, qui a été l’élue municipale la mieux payée au Québec.
Même si elle a quitté ses fonctions avant la fin de l’année 2021 en raison des élections, elle a tout de même devancé M. Damphousse et la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
En 2019, Mme Parent s’était engagée à diminuer son salaire après la publication de notre première édition du palmarès de la rémunération des élus. Or, les conseillers municipaux de l’opposition avaient refusé d’obtempérer.
Sa successeure, Catherine Fournier, a de son côté réussi à abaisser son salaire, profitant de sa majorité au conseil municipal.
Cela a fait en sorte que le conseiller municipal Jonathan Tabarah a été mieux payé qu’elle (voir autre texte).
Changement législatif
Depuis un changement législatif du gouvernement du Québec en 2018, les élus municipaux peuvent cumuler sans plafond les rémunérations associées à leurs fonctions.
C’est ce qui fait qu’un maire d’une petite ville comme Varennes a pu occuper le haut du classement l’an dernier, quelque 200$ seulement devant Valérie Plante.
Avant 2018, les maires de Montréal et de Québec étaient les mieux rémunérés, puis divers plafonds étaient établis par le gouvernement, en fonction de la taille des municipalités.
«Varennes est une municipalité relativement riche», explique Danielle Pilette, professeure spécialisée dans la gestion municipale à l’UQAM qui n’est pas surprise de voir M. Damphousse à la tête du classement.
Le maire de Varennes ne devrait pas rester longtemps l’élu municipal le mieux payé au Québec, puisqu’il a laissé de côté quatre fonctions cette année pour devenir président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ).
«Ça va réduire», souligne Martin Damphousse, qui touchera quand même l’équivalent de 83 849$ de salaire annuel à l’UMQ.
Le salaire de Martin Damphousse en 2022
- Maire de Varennes – 100 368 $
- Allocation de dépenses du maire – 17 546 $
Autres fonctions
- Comité exécutif de la CMM – 35 000$
- Conseil d'administration de l’ARTM – 24 453 $
- Conseil de la MRC Marguerite D'Youville – 16 796$
- Président de la Société d'économie mixte de l'est de la couronne Sud – 8654$
- Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent – 4655$
- Président de la Régie intermunicipale de l'eau potable Varennes, Sainte-Julie, Saint-Amable – 2324$
- Premier vice-président de la Régie intermunicipale du centre multisport régional – 1576$
- Régie intermunicipale des services animaliers de la Vallée-Richelieu – 673$
Voter son salaire, un inconfort
Des élus municipaux ont un malaise à se voter eux-mêmes une hausse de salaire depuis que Québec a changé sa loi en 2018.
«La rémunération des élus, décidée par les élus, il y a un inconfort qui existe et qui va toujours exister. On le voit au provincial avec la hausse de 30 000$», souligne Martin Damphousse, maire de Varennes et président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ).
Avant 2018, divers plafonds étaient établis par le gouvernement pour la rémunération des élus, en fonction de la taille des municipalités.
Martin Damphousse ne juge pas qu’il faille revenir à cet ancien modèle, mais admet que le système actuel est aussi imparfait.
Le maire de Lavaltrie, Christian Goulet, admet que hausser soi-même son salaire est ingrat.
«C’est toujours difficile pour les conseils de ville de s’augmenter, c'est une tâche qui est excessivement ingrate», estime Christian Goulet, qui a haussé son salaire de maire de plus de 50% en 2022 (voir autre texte).
Encadrement demandé
Il croit qu’il devrait exister un meilleur encadrement des salaires par le gouvernement du Québec pour empêcher «certains débordements».
«Tout le monde trouvait que c’était inacceptable de gagner 46 000$ pour un maire à temps plein, mais il ne faudrait pas nécessairement que ça revienne au conseil de ville [de fixer la hausse]», juge-t-il.
Martin Damphousse juge que c’est particulièrement problématique dans les petites municipalités qui ont peu de moyens pour payer leurs élus de manière décente.
«Il y a malheureusement des maires qui travaillent pour dix ou quinze mille dollars et la job est la même. Le gouvernement devrait légiférer pour avoir un plancher minimum. Comme maire, tu as des responsabilités importantes», juge le président de l’UMQ.
Total annuel des rémunérations perçues partout au Québec.
