Le maintien du Grand Prix à Montréal est une grande nouvelle

Jean-Charles Lajoie
Le Grand Prix de Formule 1 du Canada va demeurer à Montréal au moins jusqu’en 2035.
N’en déplaise à quelques marmottes aventureuses et autres citoyens récalcitrants, il s’agit d’une grande nouvelle pour l’économie de la ville. Le Grand Prix a tous les défauts aux yeux de certains, mais il demeure la vitrine la plus importante pour Montréal à l’échelle internationale. Le panorama du circuit Gilles-Villeneuve de l’île Notre-Dame est la plus belle carte postale pour le Québec.
Bien entendu, cet afflux de touristes étrangers augmente le vice. Mais le phénomène de la prostitution existait avant le Grand Prix et continuera d’exister si Montréal perd son épreuve de F1. Le commerce du sexe n’est pas marginal lors du week-end du Grand Prix. Toutefois, voulons-nous perdre ce remarquable outil de retombées économiques sous prétexte qu’il voit le phénomène de la vente de charmes et de drogues sur l’île augmenter?
Le Québec a perdu les Expos qui ne sont toujours pas revenus. Il a aussi perdu les Nordiques, un départ inestimable. La capitale ne semble pas prête de voir revenir son équipe. Pendant ce temps, la seule vraie métropole canadienne restante, Toronto, garde ses Leafs perdants mais très lucratifs. Elle compte sur les Blue Jays et les Raptors pour compléter une alléchante offre sportive.
Toronto contrôle le milieu financier de tout le pays. Montréal ne se bat plus à armes égales avec elle depuis longtemps, ce qui a fini par faire naître la peur de voir le Grand Prix s’en aller.
La catastrophe de 2024 n’a rien fait pour calmer le jeu. On pouvait sentir depuis Toronto les bonzes reluquer avec envie l’épreuve montréalaise. On raconte dans certains milieux que le fantasme d’arracher l’étape canadienne de la F1 en a fait saliver quelques-uns. Certains tenants de ce projet auraient évoqué l’idée de voir courir les meilleurs pilotes au monde sur un circuit urbain montrant les charmes de la «Greater», ses multiples gratte-ciel, ses rivières se jetant dans le lac Ontario, sa tour du CN et son Rogers Center.
Heureusement, il semble que Montréal soit sauvée au moins jusqu’en 2035. C’est une formidable nouvelle, n’en déplaise à ceux qui croient à une ville qui parviendrait à retrouver un statut de métropole... en bicycle à pédales. Reste à voir comment les instances travailleront de concert avec les nouveaux promoteurs afin d’articuler la relance de Montréal autour du Grand Prix.
Événement récurrent
Il n’y a rien de comparable en événementiel de sport au Canada. Certes, les matchs de la Coupe du monde 2026 offriront une fenêtre sur le monde remarquable aux villes canadiennes participantes et Montréal n’en fera pas partie.
Mais cette coupe entrera et sortira presqu’aussi vite pour ne pas y revenir avant au moins un quart de siècle. Le Grand Prix de F1 place Montréal au cœur de la planète sportive pendant toute une semaine et c’est récurrent à chaque année. Ce ne sont pas les Blue Jays ou les Raptors. Ce n’est certainement pas le Canadien.
Rien n’est plus important en termes de visibilité et de retombées pour une ville qui autrement peine à conserver son statut de leader dans sa province. Le Grand Prix reste l’affaire de Montréal et du Québec. À nous d’en prendre soin et de faire consensus autour de lui en capitalisant sur ses qualités et en cessant de continuellement exposer ses défauts !