Le maestro Alexandre Da Costa et le rappeur K. Maro: un duo de rebelles moins improbable qu’on le pense


Sarah-Émilie Nault
On pourrait croire que le maestro Alexandre Da Costa et le rappeur K. Maro sont des artistes aux visions diamétralement opposées: pourtant, à la suite de longues discussions, les deux comparses ont réalisé qu’ils avaient des parcours très semblables.

Alexandre Da Costa n’y va pas par quatre chemins lorsqu’il est question de ses 20 premières années dans le monde strict de la musique classique.
«Tout le monde a voulu nous contrôler. Tous les deux, on a dit non et on a voulu faire notre chemin», affirme le maestro en évoquant le parcours similaire de son nouvel ami, le rappeur K. Maro.
C’est que, de manière surprenante, K. Maro (de son vrai nom Cyril Kamar) a vécu le même genre de défi lors de son arrivée dans l’univers alors bien codé du hip-hop.
«On appartient à des cultures plus nichées: le hip-hop et la musique classique», explique l’artiste, qui a connu le succès avec sa chanson Femme Like U en 2004.
«Cette pièce était d’ailleurs une prise de liberté, car à l’époque, le hip-hop était très puritain et être un freestyler mélangeant le hip-hop, la pop et des instruments ne se faisait pas vraiment. C’était une culture plus fermée. J’ai toujours été indépendant, j’ai toujours été mon propre producteur», raconte le chanteur, qui évoque largement ce désir de liberté dans son autobiographie parue en 2024.
Les musiciens – tous deux âgés de 45 ans – se sont fait reprocher, à un moment de leur carrière, d’avoir «retourné leur veste» par des membres de leur industrie musicale respective. Ils se voient donc un peu, chacun à leur manière, comme des rebelles dans leur milieu. Ce qui a rapidement forgé leur belle amitié.
«Nous sommes deux rebelles dans nos genres qui avons pris des risques», souffle le rappeur en évoquant la soif de liberté remarquable d’Alexandre Da Costa «dans un univers de bien-pensants».

Deux rebelles
Menés par une curiosité, une soif de découverte et un besoin de relever des défis comparables, les deux artistes ont eu l’idée de monter conjointement sur scène le 18 juillet prochain, dans le cadre du Festival Stradivaria, dont Alexandre Da Costa assure la direction artistique.
Ce duo en apparence improbable est né d’un désir créatif commun. «Travailler ensemble est extrêmement riche», précise K. Maro, tout en se disant intrigué par l’aspect organique de la musique classique.
Les deux comparses comptent bien profiter du festival comme d’un laboratoire et de la scène comme d’un lieu privilégié où ils se laisseront la liberté d’improviser. Quant à la liste des chansons de K. Maro qui seront livrées pendant le spectacle, elle a soigneusement été créée par Mattenzo, le fils de 11 ans du chef d’orchestre, un fidèle admirateur de K. Maro.
Cette date fait office de première pierre dans la construction d’un plus grand programme en duo à venir dans les prochaines années. «Un projet mondial», précise le maestro Da Costa, qui plaide pour la démocratisation de la musique classique depuis des années.
«En fait, la musique n’est qu’une excuse pour qu’on ait du fun ensemble», conclut K. Maro en riant.
–Alexandre Da Costa et K. Maro présenteront leur spectacle Les âmes rebelles le 18 juillet à Mont-Tremblant, dans le cadre du Festival Stradivaria, qui se tient du 6 juillet au 9 août 2025.