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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Le lourd coût de vivre seul en période de forte inflation

Illustration Adobe Stock
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Pierre-Olivier Zappa | Le Journal de Montréal

2022-03-21T12:53:39Z
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Le tiers des Québécois vivent seuls. Seuls pour payer leur épicerie, leur appartement et leurs factures. Les célibataires seront-ils à nouveau les grands oubliés du budget provincial?  

Elles sont veuves, ils sont veufs, un solitaire ou un cœur brisé. Les Québécois vivant seuls sont depuis longtemps les grands oubliés des politiques budgétaires de nos gouvernements. 

Vous souvenez-vous d’avoir entendu un politicien, en campagne électorale, scander « nous allons soutenir les personnes qui vivent seules » ?

Encore oubliés dans le budget? 

Il sera intéressant de voir si les célibataires auront finalement leur place dans le budget Girard, qui sera déposé. Face à la poussée inflationniste, on aidera assurément « les familles », et on donnera de l’oxygène « aux ménages » qui voient leur pouvoir d’achat fondre comme neige au soleil.

C’est un fait, la famille est très gâtée d’un point de vue fiscal : allocation canadienne pour enfant, fractionnement du revenu, et, bien sûr, la séparation des frais fixes, comme l’électricité ou l’hypothèque. On parle ici d’économies d’échelle substantielles.

Les célibataires, eux, bénéficient rarement des rabais de volume à l’épicerie. Voyager seul engage souvent des coûts d’hébergement supplémentaires. 

Néanmoins, ils toucheront à la retraite un crédit d’impôt pour personnes vivant seules et verront une possible bonification du Supplément de revenu garanti. Mais ce n’est qu’une mince consolation quand on la compare aux économies que peut réaliser un couple de retraités qui fractionne son revenu pour réduire ses impôts. 

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Presque un luxe fiscal 

Bref, vivre seul devient presque un luxe fiscal qui devient parfois difficile à assumer lorsque l’inflation caracole à des niveaux depuis longtemps inégalés. Quand la hausse du coût de la vie annuelle atteint 5,7 % au Canada, et que la hausse des salaires ne dépasse pas 3,1 %, tout le monde écope. 

Cette semaine, dans les couloirs de TVA, j’ai croisé une de mes collègues préférées. Celle qui nous accueille tous les jours avec le sourire, une travailleuse fidèle et appréciée de tous. Suzie m’a interpellé ainsi : « Je gagne un bon salaire. Je vis seule. Je n’ai pas d’enfant, et j’ai vraiment l’impression d’être oubliée ».  

À l’approche de sa retraite, elle s’inquiète. Sans un coup de pouce, elle voit mal comment elle pourra affronter la poussée inflationniste qui matraque son portefeuille.  

Plus de ponctions que de services 

Difficile de la contredire, et, malheureusement, elle est loin d’être la seule à se sentir ainsi. Une étude basée sur les données du recensement de 2016 démontre que les personnes seules contribuent au Trésor public beaucoup plus que ce qu’elles reçoivent en services. À l’inverse, selon la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, les familles en reçoivent davantage pour leurs cotisations.

Au Québec, une personne seule gagne en moyenne autour de 3000 $ par mois. Le coût moyen d’un loyer à Montréal dépasse les 1300 $, soit plus de 40 % du revenu net. Sans la solidarité d’un conjoint pour assumer les comptes et les factures, cela fait peu de place pour les dépenses de loisirs et les petits plaisirs.

Grâce aux taxes, le rebond économique et la flambée du prix de l’essence ont largement garni les coffres du gouvernement. Tout indique que le ministre des Finances disposera d’une marge de manœuvre plus importante que prévu, mardi prochain, lors du dépôt de son budget. À quelques mois des élections, on verra bien comment seront saupoudrés les surplus.

En attendant de meilleurs jours, bon nombre de Québécois qui vivent seuls se sentent oubliés par notre système. Les gouvernements se basent souvent sur le poids politique pour justifier une décision. Celui des personnes seules est, semble-t-il, tout simplement trop faible.

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