Le linge «mou», une tendance là pour rester?

Anne-Sophie Roy
Le télétravail a ses avantages: bye le tailleur, bonjour le molleton. Comme ils font désormais partie intégrante de notre garde-robe, c’est à se demander si la tendance des vêtements de détente survivra à l’après-pandémie (si loin semble-t-elle). Une mode qui pourrait bien avoir pour effet de démocratiser le «linge mou» qu’on associe au chalet.
«Je pense que la tendance est là pour durer», lance d’emblée Marie-Ève Faust (Ph.D.), professeure et directrice de l’École supérieure de mode de l’UQAM.
«Naturellement par le fait que les gens travaillent de chez eux, ils vont rechercher le confort avec tout. On continue à vouloir bien paraître devant l’écran, donc on tend à aller vers le confortable qui ne fait pas non plus débraillé pour garder une certaine fierté», ajoute Marie-Ève Faust.
À titre d’exemple, l’experte fait un lien avec un accessoire qu’on connaît très bien: la botte d’hiver.
«Il y a la belle botte d’hiver féminine, mais c’est beaucoup plus fréquent de porter des bottes adaptées au climat. Les compagnies ont été obligées d’emboîter le pas et de satisfaire la clientèle. Aujourd’hui, la femme porte la botte chaude et confortable», assure Marie-Ève Faust.
Là pour rester?
Plusieurs tendances sont nées après des périodes marquées par des conflits ou des grandes difficultés économiques comme ce fut le cas pendant la guerre.
Par exemple, le célèbre «New Look» de Christian Dior au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale a complètement changé le visage de la mode. Après des années de misère, c’était le grand retour du glamour et de la féminité.

«Avec la pandémie, deux phénomènes peuvent se produire : soit on a envie de porter du beau comme ce fut le cas avec le "New Look" de Christian Dior, soit la clientèle va arrêter d’adhérer aux vêtements non confortables», croit Marie-Ève Faust.
La conséquence de la deuxième option? Les consommateurs vont imposer aux manufacturiers et aux distributeurs des vêtements qui combinent confort et beau look, comme nous nous sommes habitués à un rythme de vie dicté par le «mou».
Les entreprises se jettent sur le «mou»
Devant des difficultés financières et une nouvelle tendance qui s’installe, bon nombre d’entreprises d’ici et d’ailleurs ont jeté leur dévolu sur ces fameux ensembles de détente.
Pour rejoindre le consommateur qui doit prendre une pause forcée des voyages, Bikini Village s’est trouvé un nouveau créneau.
«On ne se cachera pas que les maillots de bain se vendent beaucoup moins, alors on devait se tourner vers autre chose et on a dû sortir un peu de notre track», explique Carolyne Nadeau, directrice marchandisage à La vie en rose, qui possède Bikini Village.
Devant les grands joueurs du fast fashion, l’entreprise d’ici a profité de l’engouement autour de ces ensembles et des changements chez les habitudes du consommateur pour se «revirer sur un 10 cents».
«Plusieurs entreprises ont dû se tourner de bord pour chercher autre chose à offrir. On a essayé plein d’affaires, on s’est gardés occupés! La demande était incroyable et ça a généré du traffic en magasin», se réjouit Carolyne Nadeau.
La question qui tue : est-ce que cette mode est là pour rester selon Carolyne?
«Je pense que ça va avoir une grosse influence. Je le vois dans mon entourage. Quand on est retournés au bureau, mes collègues ne s’habillaient pas pareil qu’avant. Les gens sont moins corporate et ça va être difficile de retourner dans ce créneau-là», croit-elle.
Oui, je le veux!
Vous avez une envie irrésistible de mou mais vous souhaitez encourager local? Ça tombe bien! Des entreprises comme Nana The Brand, Womance, From Rachel, Bikini Village et Vêtements Mandala ont récemment intégré des vêtements de détente à leur offre.