Le libre arbitre, ça s’arrête à quel âge?


Louise Deschâtelets
Je m’adresse à « Un fils aimant » pour lui dire ce que je n’ai pas aimé dans sa lettre, et lui faire part que je pense comme lui sur l’idée de vouloir laisser sa mère finir sa vie dans sa maison.
Voici le pot avant les fleurs. Quand il dit « Lors de ma dernière visite chez ma mère, elle m’a semblée en pleine forme malgré ses 70 ans ». Je trouve ça insultant. 70 ans d’aujourd’hui, ce n’est pas 70 ans il y a 50 ans. C’est encore jeune ! Je dis ça parce que j’ai son âge et que je me sens encore jeune et en pleine forme.
Quant à son désir de la laisser demeurer dans sa maison où elle se dit heureuse et encore apte à bien l’entretenir, je lui confirme qu’il doit l’encourager à rester indépendante. Car malgré ma solitude depuis le décès de mon conjoint, je ne songe même plus à me faire un nouveau compagnon tant je me sens bien avec moi-même.
Mes enfants et mes petits-enfants me visitent régulièrement, mais je suis heureuse de retrouver la paix quand ils partent. Une de mes filles a insisté pour que j’accepte de partir en maison de retraite, alors que mon garçon n’y tenait pas plus que ça. Comme vous le lui avez suggéré Louise, j’avais alors convoqué un conseil de famille pour mettre carte sur table et faire savoir à mes enfants que comme j‘avais une bonne santé et encore toute ma tête, j’étais capable de décider pour moi-même. Ça a clos le dossier, quand j’ai demandé que plus personne ne m’en reparle, d’ici à ce que je perde la boule.
Une jeune de 75 ans
Carole, une autre grand-mère m’a tenu des propos semblables en se disant « ...en forme, plus que beaucoup de jeunes », et tout aussi insultée que vous par la même phrase du texte. Je crois personnellement que tant qu’on a la santé mentale et physique pour faire face aux obligations qu’impose le fait de vivre seul chez-soi, on devrait le faire, vu les sentiments de plénitude et d’indépendance qui viennent avec.
L’important restera toujours de ne pas abandonner nos aînés à leur sort. De les visiter autant que faire se peut. De leur apporter chaleur humaine et réconfort. Et surtout, de les écouter exprimer leurs envies autant que leurs non-envies, car leur libre arbitre leur est aussi indispensable qu’à n’importe qui.