Le leadership, l’enjeu de l’élection dans Jean-Talon

Jean Baillargeon, Expert-conseil en communication stratégique
Peu importe la qualité des candidats à l’élection partielle dans le comté de Jean-Talon, les électeurs qui y participeront voteront avant tout pour ou contre le leadership d’un chef et peut-être pour quelques propositions qui émaneront des débats lors de la campagne de cette élection partielle.
Mais avant tout, je considère que l’élection portera sur un vote de confiance envers le gouvernement du Québec et son leadership sur les enjeux de gouvernance de la grande région de Québec.
Phénomène PSPP
Depuis son accession au pouvoir en 2018, la Coalition Avenir Québec (CAQ) a eu la vie facile, faute d’une opposition représentant une alternative en matière de gouvernance. En effet, il était difficile d’évaluer au sein des autres partis, parmi les candidats à l’élection de 2022, qui formeraient un éventuel conseil des ministres. Mais, depuis la dernière élection, une menace semble poindre à l’horizon en matière de leadership politique, notamment dans la région de Québec, il s’agit bien sûr du phénomène Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), chef du Parti Québécois (PQ).
Le dernier sondage Léger dans le comté de Jean-Talon est sans équivoque, le PQ est devenu la seule alternative politique le plaçant en avance (32%) sur la CAQ (30%), et ce, après que d’autres sondages eurent confirmé l’avance du PQ dans la région de Québec.
Comment expliquer ce phénomène politique alors que le PQ n’a aucun député dans la grande région de Québec depuis 2018, et surtout, aucun candidat vedette connu du grand public? J’interprète ce résultat en partie par le possible transfert de nombreux sympathisants péquistes devenus caquistes à la suite de l’effondrement du PQ et qui sont de retour dans ce parti, inspirés par le leadership de PSPP, mais surtout par le virage inattendu de l’abandon du troisième lien, sans étude à l’appui et sans vision claire du transport collectif dans la Capitale-Nationale.
Une élection plus tôt que tard
L’élection se déroulera probablement au début de l’automne. Pourquoi si tôt? Parce que le parti au pouvoir, la CAQ, n’a pas intérêt à attendre qu’un autre parti catalyse le vote de mécontentement potentiel qui pourrait émaner des débats liés aux projets de loi en cours. N’oublions pas, le succès de la CAQ réside dans la division du vote entre les partis d’opposition et la faiblesse de leurs leaders politiques.
Dans un contexte ou deux partis seront ralentis par une course à la chefferie, pensons au choix chaotique du candidat de Québec solidaire (QS) qui n’a pas obtenu l’appui de la direction du parti, encore moins des candidates qui se présentent cocheffes, ce qui reflète déjà une fissure dans le leadership politique de ce parti.
Par ailleurs, le désistement de Joël Lightbound, député libéral fédéral de Louis-Hébert et candidat potentiel à la chefferie du Parti libéral révèle un malaise qui perdure dans le leadership libéral, en attente de la venue d’un sauveur potentiel.
Dans un tel contexte, la table est mise pour un duel entre le PQ et la CAQ, le premier a tout à gagner et le deuxième subira un sérieux avertissement en cas de défaite, car l’électorat de la CAQ est en grande partie représenté par d’ex-péquistes, ne l’oublions pas. Le leadership de François Legault se trouvera fragilisé dans la région de Québec au profit de Paul St-Pierre Plamondon et du PQ, lui qui pourrait profiter de cette victoire pour rebâtir son parti dans la Capitale-Nationale.

Jean Baillargeon, Expert-conseil en communication stratégique