Le Journal au coeur du brouillard blanc: le Whiteout, une expérience particulière

Jonathan Bernier
WINNIPEG | Kevin Donnelly, le vice-président de True North et instigateur du Whiteout extérieur, m’avait vanté l’esprit de communion et la ferveur des partisans qui se regroupent chaque soir de match près du Canada Life Centre. Il s’était dit persuadé que rien, ailleurs, ne faisait d’aussi cool. J’ai décidé d’aller voir par moi-même.
Je me suis donc présenté aux abords du domicile des Jets, chandail blanc sur le dos, histoire de me fondre dans cette foule de 5000 personnes. Clairsemée aux départs, ell est devenue un peu plus dense à l’annonce de la période d’échauffement.
Les spectateurs situés le plus près du plus gros des quatre écrans géants se sont mis à agiter la serviette blanche qu’on leur avait remise au rythme de la musique du DJ. Ça passe mieux à la télé quand il y a l’air d’y avoir de la vie.
Disons qu’on était loin du bal en blanc, même si la moyenne d’âge semble sensiblement la même : dans la vingtaine.
C’est lors des interprétations des hymnes nationaux que l’ambiance a pris son envol. Alors qu’un drapeau canadien géant défilait sur la rue Donald, la foule s’est écrié: « TRUE NORTH » lors de ce passage de l’Ô Canada, comme c’est la coutume depuis le retour des Jets (la compagnie propriétaire des Jets s’appelle True North).
Une foule impliquée
Puis, le match s’est amorcé et ceux qui ne s’étaient pas encore agglutinés près des écrans se sont approchés. Comme dans n’importe quel rassemblement du genre, quelques dizaines de participants s’étaient déplacés simplement pour être dans le coup, pour être sur place, pour voir du monde.
Mais la très grande majorité est demeurée les yeux rivés sur les écrans pendant la totalité du match. Le but de Gabriel Vilardi, dès la quatrième minute de jeu, a jeté l’euphorie dans la foule. S’il y avait eu un toit, il aurait sauté. Même chose pour ceux de Nikolaj Ehlers et d’Adam Lowry.
Chaque mise en échec distribuée, chaque injustice des arbitres a provoqué de vives réactions. Et lorsque Connor Hellebuyck, bien que peu occupé durant cette rencontre, a effectué des arrêts un peu spectaculaires, la foule a eu des chaleurs.
« MVP! MVP! MVP! », s’est elle alors mise à scander en cœur.
La soirée s’est terminée par une belle victoire des Jets, célébré et savouré dans le calme et l’ordre. C’était beau à voir. Au son de la sirène, la majorité des secteurs sont rentrés sagement à la maison.
Les autres, comme moi, ont terminé la soirée dans les restaurants et les bars des environs. C’est de là que je vous écris.
Le Whiteout est-il le rassemblement le plus cool de la LNH? Difficile à dire. Mais, en raison de la marée blanche et du nombre de partisans déguisés, c’est assurément une expérience particulière.
Du colonel Sanders au Pape
Les collègues de Winnipeg m’avaient prévenu qu’au sein de cette foule ultra participative, j’allais croiser quelques phénomènes. J’ai été servi.

Du colonel Sanders aux soldats de l’Empire galactique, en passant par des pilotes d’avion, des gardiens de but et des hommes en robe de chambre, il y en avait pour tous les goûts.

J’ai également croisé trois gars en robes de mariée, des habitués de la place à ce qu’on m’a dit. À une époque où le non genré est à la mode, qui sommes-nous pour juger?

J'ai même eu droit à Jésus dans son linceul blanc et... le Pape.

Une poutine au cheeseburger
Comme tout rassemblement qui se respecte, les lieux étaient parsemés de stand à bières, de kiosques de produits dérivés et de deux rangées de food truck. L’un d’eux a attiré mon attention. Celui de The King Poutine, lequel proposait le célèbre mets québécois dans plusieurs variantes.

Je me suis laissé tenter par la Big Cheezyburger, dans laquelle en plus des ingrédients normaux, on retrouve ceux d’un cheeseburger, cornichons, tomates et bacon inclus.
Je ne sais pas si c’est parce que j’avais l’impression de tromper l’ami Bob Daigneault et le cousin David Courtemanche de Chez Ben la bédaine, mais je suis resté sur mon appétit. D’ailleurs, le roi de la poutine, ça reste encore Ben.
La permission des patrons
Je suis allé faire passer ma honte de l’autre côté de la rue, à l’un des kiosques à bières. Les boss m’avaient dit que je pourrais, exceptionnellement, les ajouter sur mon compte de dépenses.

J’en ai profité. Deux Budweiser, édition spéciale Whiteout (cannette blanche avec logo des Jets). Les patrons sont chanceux, il y avait une limite de deux consommations par personne par transactions.
Comme les fils étaient longues, je me suis contenté d’un seul duo. D’ailleurs, je n’ai pas trop compris pourquoi cette limite. De la Budweiser ou de l’eau. C’est pas mal la même affaire.
En passant, si j’étais un brasseur de bière blanche, je m’associerais à l’événement. Bière blanche, Whiteout, brouillard blanc. Tsé veut dire?
Patrik Laine a encore la cote
Manifestement, Patrik Laine a laissé sa marque dans la capitale manitobaine. Même s’il ne joue plus ici depuis quatre, son chandail numéro 29 est encore l’un des plus visibles.
« C’est normal qu’il y en ait beaucoup. Ils ont été en spécial un bon bout de temps », m’a lancé un loustic.
Je me suis dit que j’allais témoigner de ce phénomène en photographiant tous les partisans portant le gaminet du Finlandais. J'ai abandonné le projet. Pour vous donner une idée, à une certaine époque, je n'aurais pas eu assez d'un 24 poses... ni d'un 36.

Heureusement, j’ai eu le temps de trouver le véritable Laine avant d’arriver au bout de ma pellicule. En fait, je ne peux le prouver puisque je n’ai pu l’apercevoir de face. Mais sa tuque rose ne trompait pas.