«Le Journal» a assisté à un concert où les cellulaires étaient interdits et cela a fait un bien fou!


Sarah-Émilie Nault
Imaginez une salle de spectacle plongée dans le noir, sans lumières de téléphone fendant continuellement l’obscurité enveloppante. Imaginez un concert où la foule est en communion avec l’artiste, car personne n’y est constamment dérangé par des écrans. C’est ce qu’a offert la chanteuse Audrey-Michèle jeudi au Ministère avec son spectacle «hors ligne».

Outre le fait que certaines personnes avaient oublié d’imprimer leurs billets électroniques avant de se rendre au Ministère, on peut affirmer sans se tromper que la majorité des spectateurs réunis pour célébrer la rentrée montréalaise de l’auteure-compositrice-interprète Audrey-Michèle ont adoré ce concert où les téléphones cellulaires et les montres intelligentes étaient interdits.
Il fallait voir la foule compacte – parmi la laquelle se trouvaient plusieurs enfants – être totalement attentive à la douce prestation de la chanteuse qui dévoilait les pièces de son premier album solo, La montagne en forme de maison.

Il faut dire que la musique folk de l’ancienne choriste de Michel Rivard se prêtait totalement à ce genre d’exercice hors ligne: elle se fait tour à tour enveloppante, puissante et émouvante et aborde des thèmes sensibles comme la rupture amoureuse, l’amitié et la solitude.
Alors que cela aurait été hautement impoli de regarder l’heure, d’envoyer un message texte, de vérifier ses courriels ou de répondre à un appel (cela s’est déjà vu!) pendant ce spectacle qui se devait d’être vécu dans une ambiance feutrée, l’exercice nous a aussi fait réaliser qu’ambiance feutrée ou pas, l’utilisation d’un téléphone est absolument dérangeante pendant un concert.

Moment présent
Jeudi soir, nous avons vu des jeunes assis en première rangée regarder avec admiration l’artiste qui se donnait tout entière devant eux. Totalement ancrés dans le moment présent.
Nous avons vu des adultes se comporter enfin en adultes, oubliant momentanément leurs «responsabilités» ou leur habitude d’être à tous moments joignables. Nous avons partagé quelques heures en communion avec d’autres amoureux de musique qu’aucun monde extérieur ne pouvait venir déranger pendant ce spectacle longtemps attendu.
Loin des écrans, des notifications et des vidéos captés à bout de bras bloquant la vue et la concentration d’une grande partie des spectateurs, cette soirée musicale fut douce. Comme c’était le cas quand nous étions adolescents et que les appareils électroniques n’existaient pas.
Exempte de frustrations et des jeux du coude pour arriver à voir l’artiste sur scène à travers une mer de téléphones tendus, cette soirée d’une grande douceur est passée à la vitesse de l’éclair, car remplie de moments humains.

Comme l’image fut belle, d’ailleurs, de voir des inconnus discuter entre eux entre la première et la deuxième partie, sans que personne n’ait le regard vissé à son appareil!
Audrey-Michèle a non seulement réussi sa grande rentrée montréalaise en se dévoilant en toute sincérité sur scène jeudi soir, elle a aussi réussi à nous prouver que des moments hors ligne peuvent désormais servir à intensifier les connexions.
Vivement que d’autres salles de spectacles et d’autres artistes emboîtent le pas et prennent part à ce mouvement hors ligne!