Le jour où j’ai rencontré la vraie Fanfreluche en couleurs!


Danièle Lorain
Il était une fois...
S’en allant travailler en studio, ma vieille, qui ne l’était pas à l’époque, m’avait déposée dans celui de La Boîte à Surprise.
Le studio: dans mon souvenir, une boîte noire, où tous les personnages vivaient sous de grosses lumières aveuglantes.
À l’écart, j’aperçois Fanfreluche.
Un choc!
Elle n’est pas en noir et blanc comme à la télé, mais en couleurs!
Souple, gracieuse, elle danse, exécute des exercices à la barre.
Tout entière à son art.
Sa robe éclatante, son visage lumineux, son regard bleu transparent comme l’aigue-marine.
Cette première image de Kim restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Je suis subjuguée, Fanfreluche existe pour de vrai!
Pourtant, je vois ma mère à la télé... Mais Fanfreluche!
Puis, bricolage avec Madeleine Arbour
Douce et attentionnée, elle nous explique comment nous allons décorer des œufs de Pâques.
Tu parles toi, j’ai fait des œufs de Pâques avec une signataire du Refus global. Ça ne s’invente pas!
J’ai retrouvé Kim
Appris à prononcer son nom de famille, entendu toutes les légendes sur ses origines russes, sa famille...
Jusqu’à ce qu’elle raconte elle-même sa vraie vie.
J’ai joué à ses côtés dans une pièce de Garcia Lorca, La maison de Bernarda Alba, mise en scène par André Brassard.
En répétition, je ne pouvais m’empêcher de l’observer, d’écouter ses réflexions et ses questions sur l’œuvre.
Kim la Russe allait interpréter un personnage mythique de la dramaturgie espagnole. Ce fut une leçon.
La bienveillance incarnée
«Ah... Danièle», le regard bleu, le sourire tendre, elle me reconnaissait sans égard au temps écoulé.
Toujours, elle vous ouvrait les bras, sa voix douce devenant presque inaudible à cause d’une paralysie des cordes vocales.
Je lui disais combien je l’aimais...
Car en sa présence, je redevenais toujours cette enfant émerveillée.
Les fragments de la mosaïque de notre jeunesse s’effritent...