Le joueur le plus fascinant de cette Coupe Grey est un Montréalais d’origine algérienne


Benoît Rioux
VANCOUVER - Coup de cœur pour Redha Kramdi! Ce joueur des Blue Bombers de Winnipeg, un Montréalais d’origine algérienne, a un je-ne-sais-quoi.
Articulé, drôle et touchant, il a surtout connu une saison du tonnerre à la position de secondeur du côté fort du terrain dans l’uniforme des Blue Bombers.
«Je pense que c’est ma meilleure saison en carrière, y compris à l’école secondaire, au collégial et à l’université, a estimé Kramdi, rencontré dans la cadre de la finale de la Coupe Grey prévue dimanche à Vancouver. Je suis content, mais est-ce que je suis pleinement satisfait? Non. Pour se rendre à un haut niveau, dans n’importe quel domaine dans la vie, je suis ceux qui croient qu’il faut être des éternels insatisfaits et j’en suis un parmi tant d’autres. De mon humble perspective, je crois que le meilleur reste à venir.»
À la lumière de ses récentes performances, il se permet néanmoins de tirer la pipe à Anthony Calvillo, qui l’a dirigé avec les Carabins de l’Université de Montréal. Les deux hommes en ont d’ailleurs ri ensemble, récemment.

«Calvillo voyait que je travaillais fort à l’université et que j’avais comme ambition de jouer dans la LCF, raconte Kramdi, âgé de 27 ans. Pour y parvenir, il m’avait toutefois suggéré de changer de position et de devenir maraudeur. Je lui avais répondu que j’aimais beaucoup la position de secondeur du côté fort et que je souhaitais prendre la chance même si, j’en conviens, c’est une position assez américanisée.»
Le Montréalais a d’ailleurs réussi 59 plaqués défensifs et ajouté deux sacs du quart-arrière, cette année, en 18 matchs de saison régulière.
«Un cœur rempli d’amour»
Au-delà de ses exploits au football, Kramdi porte par ailleurs un passé ayant forcément forgé sa personnalité. Son père Madani et sa mère Fatima ont immigré de l’Algérie dans les années 1980, occupant souvent deux, trois emplois à la fois, à Montréal, pour élever leur famille composée de deux garçons et deux filles.
«Je me sens super reconnaissant et privilégié de jouer au football, a formulé l'athlète. J’ai un cœur rempli d’amour et je suis content du travail que ça m’a pris pour être ici. Je ne changerais rien à mon parcours. J’en dois beaucoup à mes parents, à mes sœurs [Nesrine et Aya], mais aussi à mon frère Sami.»
Tragiquement, en 2021, le grand frère de Redha, Sami, est toutefois décédé dans son sommeil. Ce dernier était son plus grand partisan.
«Je me réveille le matin et si je suis de mauvaise humeur, je me pince et je me rappelle que je suis un joueur de football professionnel, a confié Kramdi. Évidemment, particulièrement quand tout va bien, c’est sûr que j’aimerais que mon frère soit encore là pour me voir.»
Le 26 octobre dernier, alors que les Blue Bombers affrontaient les Alouettes à Montréal, c’est sa mère Fatima qui a pris le temps de venir voir jouer son fils Redha pour la première fois de sa vie dans un stade de football. Et dimanche, à Vancouver, Sami aura sans doute le meilleur siège, de là-haut, pour voir son petit frère affronter les Argonauts de Toronto en finale de la Coupe Grey.