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L'article provient de TVA Sports
Sports

Le joker québécois du repêchage 2025

L’ex-phénomène Zachary Morin est prêt à se reconvertir en attaquant de puissance

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Photo portrait de Nicolas Cloutier

Nicolas Cloutier

2025-05-30T04:00:00Z
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Il y a deux ans à peine, Zachary Morin était perçu comme le prochain phénomène en provenance du Québec, empilant les points à un rythme monstrueux dans le AAA à Detroit. Puis il a traversé une espèce de crise d’identité.

«Il va falloir que je change mon style de jeu si je veux jouer au prochain niveau, a reconnu le principal intéressé en entrevue à TVA Sports, dans un élan de maturité étonnant pour un jeune attaquant de 18 ans jadis vu comme le prochain prodige québécois. Je ne pense pas que je serai un skills guy

Après une année de repêchage éprouvante qu’il a commencée avec les Phantoms de Youngstown dans la USHL et poursuivie chez les Sea Dogs de Saint-Jean dans la LHJMQ, Morin est tombé un peu sous le radar. Classé 45e à la mi-saison par la Centrale de recrutement de la Ligue nationale de hockey (LNH), il a dégringolé jusqu’au 103e échelon de la liste nord-américaine finale. Et il n’a pas reçu d’invitation au fameux Combine à Buffalo pour être vu de plus près par les équipes du circuit Bettman.

«Ç’a été une surprise, a avoué Morin au téléphone. J’étais [dans le top 50] à la mi-saison. Mais rendu là, le repêchage, c’est juste un chiffre.»

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Un joker

La saison compliquée de Morin devient peut-être une occasion à saisir au deuxième jour du repêchage. Parce qu’il fallait lui donner la chance et le temps de comprendre ce qu’il était vraiment. La saison de 130 points en 77 matchs dans le prestigieux programme de Little Caesars, à Detroit, n’était jamais trop loin.

À défaut d’être le prochain Jonathan Huberdeau ou Alexis Lafrenière, le Lachenois peut aspirer à devenir un joueur précieux pour le club de la LNH qui daignera le repêcher: un attaquant de puissance. Un fatigant, en bon québécois.

«J’aimerais devenir un Evander Kane ou un Sam Bennett, a lancé Morin au téléphone. Je ne dis pas que je ferai autant de points que Bennett, mais je pourrais devenir un joueur qui fait sa part de points, peut jouer tant à court d’un homme qu’en avantage numérique et qui est juste vraiment dur à jouer contre.»

Les Panthers de la Floride nous prouvent que ce type de joueur a la cote en séries éliminatoires. Ce qui fait de Morin un potentiel joker, une carte spéciale que l’on peut tirer plus tard dans le repêchage.

«J’aime ça les playoffs. Je vis un peu pour ça, quand ça joue dur et ça se picosse.»

La LHJMQ ne lui permet pas de faire pleinement valoir cette corde à son arc, mais Morin a transgressé le règlement le soir du 21 février, pour montrer aux recruteurs toute l’étendue de son côté rugueux. Il a jeté les gants pour servir une véritable correction à Jonathan Prud’homme des Saguenéens de Chicoutimi.

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«Je retiens de mon père [Nathan, ex-dur à cuire de la LHJMQ], a mentionné fièrement le principal intéressé. Il s’est battu contre Georges Laraque. J’ai fait de la boxe quand j’étais jeune et à ma première année dans la USHL, j’ai accumulé 120 minutes de punition en plus de me battre contre Sacha Boisvert.»

Adversité

Avec le recul, Morin admet que l’étiquette de future vedette qui lui a collé à la peau durant sa jeunesse a pu être difficile à porter.

«Je ne dirais pas que je vivais ça mal, mais je suis quelqu’un de très compétitif et je me mettais beaucoup de pression, a-t-il confié. On a tous des chemins différents, c’est sûr. J’ai beaucoup appris de ça. T’as ben beau dire ce que tu veux, tant que tu ne le vis pas... c’est vraiment quand tu es en plein là-dedans que tu apprends à la dure.»

Le chemin de Morin s’est avéré plus sinueux que prévu. Initialement, le plan était de jouer ses deux ans dans la USHL à Youngstown avant de rejoindre Boston University.

L’ennui, c’est que les Phantoms l’utilisaient essentiellement comme un joueur d’énergie. Après quatre matchs cette saison, Morin a modifié son itinéraire pour rejoindre les Sea Dogs dans la LHJMQ.

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«Je pensais juste que j’étais capable d’apporter de quoi de plus à ma game, a-t-il résumé. On a décidé d’aller à Saint-Jean parce que j’avais de très belles opportunités là-bas.»

Avec un plus grand rôle, Morin a pris son erre d’aller avec 26 points en 27 matchs à son arrivée avec les Sea Dogs. Puis cette formation côtoyant les bas-fonds du circuit Cecchini a liquidé des actifs à la date limite. L’attaquant Eriks Mateiko, avec lequel Morin avait des atomes crochus, a notamment été sacrifié.

Dans ce contexte difficile, Morin a été limité à 10 points en 29 matchs pour conclure la campagne. Détrompez-vous, toutefois, il a adoré jouer avec les Sea Dogs. Il confirme d’ailleurs son retour à Saint-Jean la saison prochaine.

Parce qu’en fin de compte, il a tellement appris cette année, que ce soit avec les Phantoms ou les Sea Dogs. Il a appris ce qu’il était, ce qu’il sera au niveau professionnel. Et ce ne sera pas un joueur de fantaisie.

«Mes deux coachs dans les deux dernières années, c’est un peu ce qu’ils m’ont fait comprendre. Oui, je suis capable de faire des beaux jeux, mais ce n’est pas ça qui va m’amener du succès.

«Je ne dis pas que je ne suis pas capable de scorer non plus, mais je pense que mon skillset, c’est celui d’un joueur qui va approcher la game de la bonne façon. Quelqu’un que tu ne veux pas jouer contre, contre qui tu sais que ça va être une longue soirée.

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«Oui, les points, c’est quelque chose, mais là, j’essaie vraiment de voir ce que je peux apporter pour changer des games même quand je ne fais pas de points.»

Les interrogations des équipes de la LNH à son endroit tournent souvent autour de son parcours atypique, ses allers-retours entre le Québec et les États-Unis dans les dernières années. Il y a eu Rochester, le Collège Esther-Blondin dans le M18 AAA à 15 ans, le retour aux États-Unis dans le programme de Little Caesars, la USHL et puis le deuxième retour au bercail, dans la LHJMQ.

«Ils essayent de comprendre mon parcours. Pourquoi j’ai quitté le Québec à 13 ans? Pourquoi je suis revenu?» a exposé Morin, qui a rempli un formulaire pour le Canadien de Montréal en plus de rencontrer le recruteur Donald Audette après un match.

Boston, toujours une option

Même si son plan a changé de trajectoire, Morin conserve de bons liens avec Boston University.

La nouvelle réglementation entourant le junior majeur canadien et la NCAA garde d’ailleurs cette porte ouverte pour lui.

«Oui, tout est possible, a confirmé le jeune homme. J’y vais une année à la fois, mais ce n’est vraiment pas quelque chose qui est hors de portée. La saison prochaine [avec les Sea Dogs] sera importante, mais après, on va s’asseoir et on regardera ce qui est le mieux pour mon développement.»

Lorsqu’il a signé sa lettre d’intention avec cette université, ce n’était pas seulement pour le programme de hockey, mais aussi celui de la crosse. Morin est un joueur très compétitif dans ce deuxième sport, qu’il a toutefois dû laisser de côté cette année.

«Oui, j’ai quand même délaissé ça, a-t-il admis, un peu tristounet. Ça fait maintenant un an que je n’ai pas joué. La crosse, c’était vraiment différent. Il n’y avait pas d’attentes. J’avais juste du fun. Ça me permettait de décrocher et d’oublier un peu le hockey.»

Dans ce sport, il y avait quelque chose d’apaisant pour lui à ne pas être pressenti à devenir quoi que ce soit.

Mais au hockey, au moins, il sait désormais ce qu’il ne sera pas la prochaine grande supervedette de la Belle Province et il entrevoit avec plus de clarté ce qu’il est vraiment.

«Sur le plan psychologique, ce qui s’est passé à Youngstown, ç’a quand même été assez dur. Tu sais, accepter ton rôle, faire ce que le coach veut et surmonter l’adversité. Et avec les Sea Dogs, j’ai vécu de l’adversité moi-même, et notre équipe aussi. Mais je vois beaucoup de positif là-dedans.

«Au bout de tout ça, je vais en ressortir plus fort.»

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