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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Le grillon et la luciole volent et se posent sur papier !

Émile Proulx-Cloutier
Émile Proulx-Cloutier Photo Danila Razykov
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Photo portrait de Anne-Marie Lobbe

Anne-Marie Lobbe

2022-12-18T05:00:00Z
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En 2011, Émile Proulx-Cloutier chantait Le grillon et la luciole pour la première fois sur scène. Quand un éditeur l’a approché pour faire vivre la chanson en album jeunesse, la transition s’est faite tout naturellement, même 11 ans plus tard.

Photo fournie par les éditions Planète rebelle
Photo fournie par les éditions Planète rebelle


Cette chanson aux allures de conte semblait prédestinée à prendre vie en format papier ! 

C’est une pièce très narrative. C’est écrit avec une série de pivots narratifs, des événements. Chaque quatrain est quasiment un dessin en lui-même ; il y a des personnages, des lieux et des actions. Il y a une tentative – somme toute naïve, mais qui est là dans l’écriture – de créer un petit suspense. 


Ça devait être fascinant de la voir prendre vie en illustrations...

C’est un livre sur la recherche de la lumière ; du sens, de l’amour, de la reconnaissance, de ce qui fait qu’on se sent important. Avec l’illustratrice, on a vite réalisé qu’il fallait « marquer » tout ce qui brille, autant les lueurs de la petite ville que les étoiles, la luciole elle-même, le satellite et la bouée.  


Pourquoi offrir des fins alternatives à l’histoire ?

Les paroles ont une facture de fabulette pour enfants, mais elles racontent un récit qui n’est pas glorieux ! Je me suis demandé si on devait transformer le récit, afin que la fin soit joyeuse. Ou si je préservais l’authenticité de l’histoire d’origine, mais que je tentais d’en ouvrir le sens... J’ai proposé qu’on invite les lecteurs à réfléchir à l’histoire et à ses multiples sens. Il y avait moyen d’amener les personnages et l’imagination des enfants ailleurs. 

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Justement, c’est une histoire sur la tragédie de l’abondance, la poursuite de l’inaccessible. Pourquoi vouliez-vous aborder ces sujets avec les enfants ?

Je me suis dit qu’on allait aller dans la vérité de ce qui est écrit, plutôt que de faire ce qui est arrivé avec plein de contes... On a pris des contes qui avaient un relent cruel – Barbe bleue, Le petit chaperon rouge, etc. – et on a choisi, au fil des réécritures, de les enrober et de les adoucir. Si c’est un manque de confiance en la profondeur des enfants, en leur sagesse innée, en leur instinct, et qu’on souhaite les empêcher de s’égratigner quelque part, moi, je ne crois pas à ça. Je pense que c’est plus intéressant de s’adresser à l’instinct poétique des enfants.


Seriez-vous plus un grillon, une luciole ou une autre bestiole ?

Bonne question ! Il y a des histoires d’une cruauté, dans le monde des insectes... Il y a des lucioles qui imitent le clignotement d’un autre groupe de lucioles pour le piéger. Chez les abeilles, les mâles sont logés et nourris, mais l’hiver, ils sont expulsés et meurent de froid. Je trouve ça épouvantable, mais ça fait rire, en même temps ! Disons que je serais une espèce de chenille avec juste une aile poussée, qui attend l’autre. Comme en perpétuelle fin de cocon, début de papillon (rires) ! 

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