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L'article provient de Le Journal de Québec

Intelligence artificielle: votre emploi est-il à risque d’être remplacé?

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Photo portrait de Martin Jolicoeur

Martin Jolicoeur

2024-07-13T04:00:00Z
2024-07-13T13:19:52Z
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La révolution de l’intelligence artificielle (IA) est en marche. Les entreprises et les travailleurs seront bousculés en raison de l'implantation de l'IA qui va changer drastiquement la manière de produire et de travailler. Tous les secteurs seront touchés et certains emplois seront plus rapidement transformés que d'autres. Pour le meilleur ou pour le pire? Le Journal a interrogé des acteurs du milieu de la musique, du cinéma, de l'humour, de la publicité, de l'édition, de la télévision et de plusieurs autres secteurs.


Qu’on le veuille ou non, les progrès de l’intelligence artificielle (IA) avancent à grands pas et ses conséquences sur le travail s’annoncent tout sauf rassurantes. Pas moins de 4,7 millions d’emplois, soit un emploi sur quatre au Canada, sont à risque d’être remplacés par l’IA d’ici 2030.

Cette prévision de la firme McKinzey (plus de 400 M d’emplois perdus dans le monde) se compare à celles d’autres firmes du même acabit. Une analyse de la société Goldman Sachs évalue pour sa part le nombre de travailleurs victimes de ce raz-de-marée anticipé à quelque 300 millions de postes sur la planète.

Bruno Guglielminetti
Bruno Guglielminetti Courtoisie

«Comme je dis toujours, bien sûr que tous les travailleurs ne seront pas remplacés par l’IA. Mais ceux qui ne le seront pas risqueront de l’être par une personne qui aura appris à s’en servir», nuance l’expert Bruno Guglielminetti et animateur du balado d’actualité numérique Mon Carnet.

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Un rouleau compresseur

Le Journal a cherché à comprendre comment l’IA risquait de transformer la vie des entreprises et des travailleurs. Nous avons aussi dressé une liste des secteurs et emplois les plus susceptibles de subir des changements importants au cours des prochaines années. (voir texte à gauche) 

  • Écoutez l'entrevue avec Francis Halin, journaliste pour la section Argent au Journal de Montréal, via QUB :

Tous les secteurs seront touchés et certains emplois seront plus rapidement transformés que d'autres. Le Journal a interrogé des acteurs de plusieurs secteurs pour comprendre leurs inquiétudes:

-en télévision, en musique, au cinéma, en humour, en publicité et même en littérature, l’intelligence artificielle bouscule les habitudes,

-pour le commerce de détail comme Couche-tard, l’arrivée de magasins sans caissier n’a pas été concluante,

-le secteur de la traduction se transforme au rythme des avancées de l’IA,

-dans le milieu juridique, de nombreuses mises en garde sont faites auprès des juristes afin de s’assurer d’une saine utilisation de ces outils de l’IA.

Cette promesse d’augmentation de la productivité, induite par l’IA, constitue le principal gage de son adoption rapide dans les organisations, publiques et privées. Son impact sera tel que des analystes s’attendent à ce que le produit intérieur brut (PIB) de la planète grimpe de 7% par an au cours des 10 prochaines années.

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© Archives / AFP Photo
© Archives / AFP Photo

Selon le Fonds monétaire international (FMI), près de 40% des emplois sur la planète sont à risque de connaître les effets de l’IA. Son impact sera plus grand encore dans les pays plus développés, comme le Canada, où 60% des emplois seront touchés.

La moitié d’entre eux, ceux dont l’IA saura reproduire des tâches actuellement accomplies par l’humain, en subiront des conséquences négatives, entraînant une baisse de leur attractivité, une chute des embauches, une baisse des salaires et éventuellement, l’inexorable disparition d’emplois.

Inégalités exacerbées

On s’inquiète ainsi de voir les inégalités actuelles s’accroître. En outre, les femmes, les titulaires d’un travail technique et les personnes ne disposant que d’une connaissance numérique limitée sont les plus à risque d’en pâtir, prévient le World Economic Forum.

François Vincent, vp Québec de la FCEI. Photo fournie par FCEI
François Vincent, vp Québec de la FCEI. Photo fournie par FCEI FCEI

Il en va de même des plus petites entreprises, note le vice-président de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, François Vincent.

Il affirme que les craintes sont grandes chez elles de ne pouvoir, par manque de connaissances ou de moyens, intégrer l’IA aussi rapidement que leurs concurrents plus gros.

Le temps presse

Spécialiste en automatisation des entreprises, le PDG de Vention, Étienne Lacroix, tâche de se faire rassurant, soulignant que le niveau de pénétration de l’IA varie beaucoup d’une industrie à l’autre.

Elle est bien plus avancée dans les fonctions à faible valeur ajoutée, comme le service à la clientèle (Expedia), que dans le secteur manufacturier, où l’IA n’a pas encore atteint le même niveau de maturité.

Étienne Lacroix tenait à revenir au Québec pour aider nos entreprises à faire le virage de l'automatisation.
Étienne Lacroix tenait à revenir au Québec pour aider nos entreprises à faire le virage de l'automatisation. Photo Francis Halin

«Dans le manufacturier, on est encore très loin de l’autonomie recherchée. Sans rien enlever à ce qui existe déjà, je dirais qu’on est encore vraiment au début, à un stade que je qualifierais presque encore d’académique. Il faudra encore du temps avant que l’on voit le remplacement d’emplois à large échelle.

Beaucoup de temps? Combien de temps, au juste? Sur ce, l’expert réfléchit, prend une pause, puis s’en sort en empruntant une réflexion de Bill Gates, cofondateur de Microsoft.

«Gates disait qu’en général nous avions tendance à surestimer les avancées technologiques sur un horizon de deux ans. Mais, que de manière inverse, nous avions tout aussi tendance à sous-estimer les avancées possibles sur un horizon de 10 ans.»

Autrement dit, nous avons, au mieux, 10 ans pour nous préparer.

Avec la collaboration de Francis Halin.

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