Le gouvernement Legault se fragilise lui-même


Josée Legault
Le gouvernement Legault se fait rattraper dans le dossier du financement politique. Après la Commission Charbonneau, qui l’eût cru?
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Les partis d’opposition dénoncent des députés caquistes pour leurs «invitations» à des cocktails faites à des maires et des citoyens pour qu’ils y rencontrent un ministre en échange d’un don de 100$ à la CAQ.
En réaction, on entend beaucoup cette phrase étrange: «Il n’y a personne qui peut acheter un ministre pour 100$». Dans ce cas-là, à quel prix serait-il possible de le faire?
Le véritable enjeu n’est pourtant pas la hauteur du montant permettant d’avoir privément l’oreille d’un ministre. Il est dans la possibilité même de pouvoir faciliter l’accès à un ministre en échange d’un don à sa formation politique.
Financement d’influence
Une telle pratique confond en effet le financement populaire, plutôt sain en démocratie, avec le financement d’influence, pour sa part injustifiable. Bref, on est loin de simples «formulations maladroites».
Cette histoire est aussi le dernier épisode en date d’une longue série noire d’erreurs de jugement à la CAQ depuis son abandon du 3e lien au printemps dernier. D’où sa chute vertigineuse dans les sondages.
C’est le énième symptôme d’un gouvernement parfaitement capable de se fragiliser lui-même. Ce qui, par ricochet, le rend vulnérable devant des partis d’opposition qui, en retour, ont le couteau entre les dents.
Moment charnière
On dit qu’il ne faut jamais «tirer sur une ambulance». Sauf en politique, bien entendu. La dynamique d’affaiblissement dans laquelle la CAQ s’enlise depuis plusieurs mois est bien réelle.
Quand la popularité d’un gouvernement fond comme neige au soleil, c’est d’ailleurs presque toujours parce que son électorat a perdu confiance en lui. M. Legault devra donc rétablir la confiance perdue envers la CAQ, son gouvernement et lui-même.
Son avantage – et il n’est pas mince – est qu’il contrôle les leviers du pouvoir. S’il y a un moment dans sa carrière politique où François Legault n’aura plus droit à l’erreur, ce sera bien d’ici aux élections de 2026.