Le gouvernement fédéral nous coûtera de plus en plus cher quoi qu’en dise Mark Carney
Le chien de garde des finances publiques fédérales prévoit que le déficit continuera de grimper faisant gonfler la note des contribuables

Anne Caroline Desplanques
Le chien de garde des finances publiques fédérales prévoit que le gouvernement Carney ne fermera pas le robinet des dépenses à Ottawa contrairement à ce qu’il prétend, mais qu’il coûtera encore plus cher aux contribuables que son prédécesseur.
«Je pense que le déficit total va probablement être entre 70 et 80 milliards $, [établi] sur ce qu’on voit présentement», estime le directeur parlementaire du budget (DPB), Yves Giroux, rencontré à son bureau d’Ottawa.
En décembre, le déficit explosait à 61,9 milliards $, alors que le gouvernement Trudeau avait promis de le maintenir à 40,1 milliards $. Depuis, Mark Carney a pris les rênes de l’État en se présentant comme un gestionnaire responsable.
Mais à quelques semaines de la fin de son mandat de sept ans, M. Giroux observe avec pessimisme les promesses du premier ministre de réduire les dépenses des ministères de 15% d’ici 2028-2029 pour économiser 25 milliards $.
«Je crois que ça va être surtout des réaffectations: on va réduire dans certains secteurs pour dépenser dans d’autres», dit-il.

Les impôts vont augmenter
Cela suggère qu’en fin de compte la note des contribuables ne diminuera pas. Au contraire, il faut s’attendre à «des niveaux de taxation dans le futur qui vont être plus élevés que ce qui serait nécessaire», prévoit M. Giroux.
C’est que Mark Carney a à la fois promis d’investir 5% du PIB en défense et de soutenir de grands projets d’infrastructures nationaux, tout en garantissant de baisser les impôts et de maintenir les programmes sociaux.
À eux seuls, les engagements militaires du premier ministre coûteront «autour de 150-160 milliards $, probablement même 170 milliards $, contre 50-60 milliards $ maintenant», indique le DPB. Cela n’est faisable que «si on réduit les dépenses ailleurs ou [qu’]on augmente les impôts», souligne-t-il.
Quant à l’idée de Mark Carney de rendre la fonction publique plus efficace et moins coûteuse grâce à l’intelligence artificielle, ce n’est pas pour demain.
«À court terme, c’est très difficile», prévient le DPB. Il explique que la fonction publique est régie par de très nombreuses règles en matière de protection de la vie privée et de sécurité de l’information qui ralentissent l’adoption des nouvelles technologies. Elle est aussi très protégée, ce qui limite la flexibilité du gouvernement en matière de congédiement.
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Le déficit, une drogue dure
Les contribuables devront donc s’habituer à «l’appétit pour les déficits [...] ou l’aisance d’être dans des déficits permanents» qui caractérisent désormais notre gouvernement fédéral, se désole M. Giroux.
Il indique qu’Ottawa a été «un précurseur» dans cette tendance, puisqu’entre 2015 et 2018, alors que la plupart des gouvernements occidentaux visaient une réduction des déficits, le gouvernement canadien, pour sa part, s’y engageait ouvertement.
«Le déficit c’est un peu comme une drogue: une fois qu’on [y] est habitué ou qu’on y a goûté, c’est difficile de s’en défaire», souffle l’économiste québécois.
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