Les terres des Sœurs sauvées pour 28,7 M$
Le gouvernement du Québec va les acheter pour réaliser un projet de « parc d’innovation agricole »

Jean-Luc Lavallée
Le gouvernement Legault a confirmé, jeudi, l’acquisition de la quasi-totalité des terres agricoles des Sœurs de la Charité à Beauport afin de préserver leur vocation nourricière à tout jamais en créant un agroparc.
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L’annonce a eu lieu en grande pompe dans un chapiteau aménagé à l’extérieur de la Maison généralice des Sœurs.
Une promesse d’achat a été signée, mais la transaction devra être officialisée par l’Église catholique à Rome, ce qui pourrait prendre encore quelques mois, a-t-on précisé.

L’État québécois déboursera 28,7 M$ pour mettre la main sur 203 hectares de terres, ce qui correspond à leur valeur inscrite au rôle d’évaluation.

« L’important, c’est que le projet rejoignait nos valeurs. C’est notre façon de laisser quelque chose à la société. C’est un legs de notre part. On est conscientes qu’on aurait pu avoir beaucoup plus pour ces terres », a déclaré la supérieure générale des Sœurs de la Charité de Québec, sœur Monique Gervais.
Pas de déménagement
Les religieuses, qui n’ont pas du tout l’intention de quitter leur demeure, conserveront près de douze hectares. Cela représente 4 % de la superficie totale.
Il s’agit de la portion qui comprend la Maison généralice et une bande de terrain tout autour. Cette parcelle sera exclue de la zone agricole.

La Ville de Québec tiendra une consultation publique le 18 mai à ce sujet puisqu’elle devra réviser son schéma d’aménagement et de développement.
Des projets de logements sociaux pourraient y voir le jour, a indiqué le maire de Québec, Bruno Marchand, qui a salué, jeudi, l’annonce gouvernementale.
Des terres convoitées
Les gigantesques terres des Sœurs, enclavées en zone urbaine, étaient convoitées depuis plusieurs années pour du développement immobilier.
Le Groupe Dallaire avait dû abandonner son projet de « miniville » de 6500 unités d’habitation, en 2020, en raison du refus du gouvernement du Québec qui lui a dit non à deux reprises ainsi qu’à l’administration Labeaume.

Les terres avaient alors été rétrocédées aux Sœurs.
« Pour nous, il était important de poser un geste fort pour assurer leur pérennité. La pression pour venir les manger allait toujours s’accroître. Pouvoir les exclure de cette convoitise-là, c’est une grande réussite », s’est félicité le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne.
La population impliquée
Le projet n’est pas encore clairement défini. La ministre responsable de la Capitale-Nationale, Geneviève Guilbault, a rappelé l’importance d’impliquer la population dans l’élaboration du concept.
« On veut que ça soit un projet par et pour la population. C’est comme ça qu’on veut le faire atterrir. »

Le ministre Lamontagne s’est dit ouvert aux « idées novatrices ». De grandes consultations devraient avoir lieu cet automne ou au printemps 2023.
Déjà, on évoque le développement d’un « pôle pour la recherche dans le domaine bioalimentaire ».

Québec veut créer une « vitrine agricole d’exception ».
Quelques bâtiments pourraient être érigés sur le site, mais la vocation agricole des terres est « définitivement assurée », a-t-on souligné au gouvernement.

Ce qu’ils ont dit
« L’offre d’achat initiée par le gouvernement témoigne de la volonté de pérenniser la vocation agricole des terres d’une qualité exceptionnelle qu’il souhaite mettre en valeur au bénéfice des générations futures. »
–Sœur Monique Gervais, supérieure générale des Sœurs de la Charité de Québec
« C’est une très belle journée pour la Ville de Québec et l’arrondissement [Beauport]. On va s’assurer d’avoir un magnifique projet et on ne peut pas être plus fiers de la manière dont il se lance. »
–Bruno Marchand, maire de Québec
« Le projet est très embryonnaire, mais je pense que ça s’en va dans la bonne direction. Cela dit, les consultations, c’est crucial. Tout le monde doit être entendu. »
–Sol Zanetti, député de Québec solidaire
« On voit ça d’un bon œil. C’est un début. Il reste beaucoup de points d’interrogation, mais c’est un bon pas. Au moins, ce n’est pas une annonce de dézonage. »
–Gabriel Lalancette, président de l’UPA Québec, Jacques-Cartier
« Pour aujourd’hui, c’est rassurant [...], mais on va continuer de suivre le dossier. »
–Monique Gagnon, porte-parole de Voix citoyenne
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