Le gouvernement devrait s’interroger sur la sous-performance de la Caisse


Michel Girard
La haute direction de la Caisse aura beau se vanter qu’elle a battu sur cinq ans son propre portefeuille de référence par 7/10 de point de pourcentage, il en est tout autrement lorsqu’on compare le rendement de la Caisse avec le rendement de six fonds de référence extérieurs. Par rapport à eux, la Caisse affiche une importante sous-performance.
Il serait temps que le gouvernement Legault cesse de faire l’autruche face à cette sous-performance de la Caisse de dépôt et placement au cours des cinq dernières années.
En vertu de la Loi sur la Caisse, l’institution est totalement indépendante du gouvernement. Cela dit, j’ose croire que le premier ministre a tout de même le droit de rencontrer le président du conseil d’administration de la Caisse (Jean St-Gelais) et le PDG de la Caisse (Charles Emond) pour leur demander des explications sur la sous-performance de la Caisse.
Legault a nommé Emond
Après tout, c’est François Legault lui-même qui a nommé, il y a quatre ans et sept mois, Charles Emond à la tête de la Caisse. Et il appert que la Caisse a sous-performé depuis ce temps-là, sous M. Emond.
À preuve, à la lumière du tableau qui suit, François Legault sera à même de constater que la Caisse a notamment rapporté un rendement inférieur aux six «fonds de référence» pouvant servir de comparaison, à savoir les grosses caisses de retraite du RPC (Régime de pensions du Canada) et des enseignants de l’Ontario (Teachers), les fonds diversifiés des caisses de retraite canadiennes, le portefeuille-type diversifié avec trois grands indices financiers, le fonds diversifié négocié en Bourse XBAL et les obligations boursières d’Épargne Placement Québec.
Pour la période de 5 ans terminée le 30 juin 2024, la Caisse accuse un recul annualisé allant de 4/10 à 1,8 point de pourcentage. Et concernant la période de 5 ans terminée au 31 décembre 2023, le recul annualisé de la Caisse varie de 8/10 à 1,6 point de pourcentage.
Cette sous-performance représente un énorme manque à gagner pour le bas de laine des Québécois, lequel variera de 8 à 36 milliards $, selon le «fonds de référence» qui sert de comparaison. Chaque écart de 1/10 de point représente environ 2 milliards de dollars.
Grosse rémunération
On va s’entendre sur une chose: les hauts dirigeants de notre Caisse sont quand même fort bien rémunérés pour la job qu’ils font. Voici la rémunération globale qui a été octroyée à chacun d’entre eux en 2023:
- Charles Emond (PDG): 4,51 millions $
- Emmanuel Jaclot (VP Infrastructures): 2,96 millions $
- Vincent Delisle (VP Marchés liquides): 2,28 millions $
- Kim Thomassin (VP Québec): 1,82 million $
- Martin Longchamps (VP Placement privé): 1,82 million $
- Marc-André Blanchard (VP CDPQ mondial): 1,81 million $
Avec une rémunération totale de 15,2 millions $, on est en droit de s’attendre à une bonne performance de la part de la haute direction de la Caisse.
Peut-être que l’actif net de la Caisse, qui atteint maintenant les 452 milliards $, est devenu trop gros pour le faire gérer par l’équipe de gestionnaires de la Caisse.
Il me semble qu’on serait mûr pour revoir le mandat de la Caisse!