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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Le gouvernement a les mains liées par les grosses compagnies informatiques, prévient un expert

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Gabriel Côté

2025-06-16T04:00:00Z
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Les grosses compagnies informatiques tiennent le gouvernement captif à cause de leur modèle d’affaires axé sur les services, prévient un expert, qui craint que les projets de transformation numérique ne continuent de partir à la dérive au Québec.

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«C’est un fait que très peu de joueurs détiennent à peu près 70 à 80% du marché dans l’informatique. Ce n’est pas récent et c’est une réalité pour toutes les organisations qui font affaire avec elles», explique Sylvain Goyette, qui est professeur au Département d’analytique, opérations et technologies de l’information de l’UQAM.

«Ce qui est nouveau, c’est qu’historiquement, ces compagnies vendaient leurs logiciels. [Leurs responsables] ont changé leur modèle d’affaires pour vendre du service, et le bénéfice qu’ils y trouvent, c’est une captivité de leurs clients. Le coût de sortie est énorme, car cela implique d’en implanter un autre [système]», développe-t-il.

Sylvain Goyette, professeur à l’UQAM.
Sylvain Goyette, professeur à l’UQAM. Photo courtoisie

Or, comme l’expliquait un autre spécialiste au Journal, l’approche axée sur le service permettrait aux organisations clientes de ces entreprises de faire des économies à long terme, comme les mises à jour plus fréquentes, assurées par les fournisseurs, leur éviteront de prendre beaucoup de retard et de devoir faire des pas de géant pour ajuster leur système.

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Pour Sylvain Goyette, cet argument paraît «beau en surface», mais il ne passe pas le test de la réalité.

«Prenons l’exemple de SAAQclic. Une des particularités de ce projet, c’est que la SAAQ a dû modifier de façon extrêmement importante le logiciel de base qu’[elle] avait acquis. Si on ne modifie pas le logiciel, l’argument est vrai. Mais dès qu’on y touche, ça coûte extrêmement cher, car on devient responsable des mises à jour de tout ce qu’on a modifié», note le professeur.

«Quand on décide d’acheter un outil, il faut s’adapter à l’outil», poursuit-il. «Sinon, on se retrouve avec un marteau pour serrer une vis. La vis va peut-être rentrer éventuellement, mais le résultat va être moins beau!»

Sur ce point, M. Goyette est dépité de voir que le gouvernement ne semble pas tirer de leçons de ses expériences pourtant traumatisantes.

«Ça fait 30 ans que je suis dans le milieu, et c’est toujours la même recette et toujours les mêmes erreurs. C’en est tristement prévisible», soupire-t-il.

«Et comme chaque organisation travaille en vase clos, il n’y a pas d’espace d’apprentissage. Alors, on va assurément répéter les erreurs de SAAQclic plus tard», ajoute-t-il.

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