Explosion des coûts dans les contrats de génie-conseil à Montréal

Agence QMI
Le marché public de services professionnels de génie-conseil à Montréal pour le domaine des infrastructures fait face à plusieurs enjeux, selon une étude.
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Tarifs supérieurs au juste prix, centralisation des contrats et augmentation des appels d’offres de type entente-cadre: les coûts explosent, rapporte l'étude publiée par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
D'abord, les firmes de génie-conseil chargent, en moyenne, des tarifs d’au moins 20 % supérieurs au juste prix, malgré une diminution de la qualité des services rendus par ces entreprises.
C’est la métropole elle-même qui persiste à recourir à une méthode d’estimation interne de la valeur des contrats octroyés, une technique qui avait été proscrite par la commission Charbonneau et le rapport Léonard.
En 2015, la commission Charbonneau avait également recommandé aux donneurs d’ouvrage publics de diminuer leur recours à des services externes de génie-conseil. Pourtant, la valeur de ces contrats a augmenté de 18 % annuellement entre 2012 et 2024.
Cette augmentation drastique du montant annuel lié à ce type de contrat s’explique notamment par la forte demande de services professionnels de génie-conseil, combinée à un marché concentré. En 2024, cinq firmes de génie-conseil ont obtenu 76 % de la valeur des contrats accordés par la Ville de Montréal dans le domaine des infrastructures, indique l’étude.
Les petites firmes de génie-conseil sont prises à la gorge dans ce contexte de centralisation des contrats, puisque la proportion de la valeur des contrats de type entente-cadre est passée de 35 % en 2012 à 93 % en 2024. Le rapport Léonard avait toutefois suggéré de diminuer ce type d’entente, dans lequel la Ville accorde une banque d’heures étalée sur plusieurs années aux firmes de génie-conseil.
Plusieurs ingénieurs rencontrés dans le cadre de cette étude ont observé une augmentation des heures facturées au fil des années sous ce type d’entente, attribuable, selon eux, à une augmentation du recours à des chargés de projet externes insuffisamment formés et expérimentés.
Parmi les recommandations de l’étude pour mettre un terme à ces irrégularités au sein du marché public de génie-conseil montréalais, celle-ci suggère notamment de diminuer la sous-traitance et d’augmenter la capacité interne de la Ville à réaliser ses travaux d’ingénierie.
L’évitement d’une telle dépendance au secteur privé aurait permis à la métropole d’économiser au moins 40 millions de dollars en 2024.