Le gardien d’urgence du Canadien a le CH tatoué... sur une cuisse
Le gardien d’urgence du Canadien est un fan fini
Mylène Richard
Au lendemain d’une folle soirée, le gardien d’urgence du Canadien flottait encore sur un nuage.
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Même s’il s’apprêtait à entrer au gym lorsque Le Journal lui a parlé samedi, Patrick Chèvrefils voulait profiter de «son high» le plus longtemps possible après avoir enfilé l’uniforme bleu-blanc-rouge à la suite de la blessure de Samuel Montembeault.
«Je suis un fan du Canadien de Montréal, j’ai même un tattoo du Canadien sur ma cuisse», a-t-il raconté. «Je ne me suis jamais permis de me faire faire un chandail avec mon nom dans le dos, parce que, comme les joueurs qui ne veulent pas toucher à la coupe Stanley avant de la gagner, moi, je ne voulais pas avoir un chandail du Canadien à mon nom, à moins de l’avoir mérité.»
Disons que vendredi, Chèvrefils n’a pas volé ce moment de gloire.
Même s’il n’est pas payé, l’homme de 38 ans a assisté à tous lesmatchs du CH du Centre Bell cette saison, au cas où un gardien des deux équipes en présence se blesserait.
«Un billet et un stationnement gratuit, ça vaut quand même beaucoup!» a assuré Chèvrefils, qui avait accordé une touchante entrevue au collègue Rodger Brulotte en décembre.
Durant les séries, les formations peuvent compter sur un troisième gardien étant donné qu’il n’y a plus de règle concernant le plafond salarial. Les Capitals de Washington ont d’ailleurs habillé Clay Stevenson quand Logan Thompson a dû quitter la rencontre, secondé par Charlie Lindgren.

Assis avec son chat
Chèvrefils était plutôt confortablement assis avec son chat dans son salon, à Mercier en Montérégie, pour regarder le match. Quand Montembeault s’est retiré au vestiaire et que Jakub Dobes l’a remplacé, il a reçu un appel du directeur adjoint du CH, John Sedgwick.
Même si plusieurs joueurs du Rocket de Laval étaient au Centre Bell, Cayden Primeau n’était pas disponible tandis que le contrat de la LNH de Jacob Fowler ne sera valide que la saison prochaine.
«Mon stock n’était pas fait et je devais faire ça vite, mais il ne fallait pas arriver là sans patins! Je dois remercier ma formation paramilitaire, parce que je suis tombé en mode organisationnel. Le fait d’être policier m’a beaucoup aidé dans ma gestion du stress», a noté celui qui est arrivé une trentaine de minutes plus tard à l’amphithéâtre, durant le second entracte.

Calme et concentré
C’est dans un petit vestiaire du Centre Bell que l’ancien gardien midget espoir du Lac-Saint-Louis, a revêtu son équipement, après avoir pris 30 secondes pour profiter du moment et prendre une photo du chandail qui l’attendait, portant le numéro 96 et son nom. D’ailleurs, il espère pouvoir le récupérer à la fin de la saison du CH.
Puis, quelqu’un lui a indiqué de se rendre au banc du Tricolore. Après avoir été accueilli par un membre du personnel, l’attaquant Oliver Kapanen l’a remarqué.
«Mon regard voulait dire: “Non ce n’est pas Montembeault et retourne au travail! Tu ne veux pas que j’embarque sur la glace et moi non plus. Mais sache que je suis ta dernière option!”»
En vertu des règlements, Chèvrefils a dû retourner à son vestiaire, où il a suivi calmement le match à la télévision.
«J’ai peut-être dit un yes à voix haute, sans plus. J’ai agi comme s’il y avait une chance que je saute sur la glace.»

«Un gars pas rapport»
À la fin de la partie, Chèvrefils a donné la main aux joueurs du CH pour les féliciter.
«C’était assez drôle, tout le monde est parti à rire en voyant un gars pas rapport avec le chandail du Canadien près du vestiaire. J’avais l’air d’un fan qui avait réussi à déjouer la sécurité», a-t-il dit en blaguant.
L’entraîneur-chef Martin St-Louis a souri lorsqu’il l’a vu, et les deux hommes ont hoché la tête.
«On a réalisé à quel point ça aurait pu être... pas une catastrophe, mais je ne pense pas qu’il aurait voulu envoyer un policier devant les filets en séries!»
L’homme étrange
Chèvrefils ne s’entraîne pas avec le Tricolore, mais il a déjà bloqué des tirs de joueurs de la LNH durant le lock-out en 2004-2005. Pendant le calendrier régulier, il a croisé les joueurs retranchés ou blessés du CH sur la galerie de presse.
«Certains ont compris qui était l’homme étrange à leur gauche durant toute la saison: ce n’était pas un journaliste sans ordinateur!»