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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Le gala des mille et une nuits de Radio-Canada

Photo Patrick Séguin, TVA pub
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Photo portrait de Guy Fournier

Guy Fournier

2025-08-26T22:00:00Z
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Lundi soir, dans le château de verre de Radio-Canada, à Montréal, des centaines d’invités ont bu et fait bombance avec le personnel de service.

C’est que la grande vizir Marie-Philippe Bouchard, entourée de ses nombreux bras droits, lançait ce qui sera l’une des saisons les plus fastes de son califat. Son palais de l'avenue Papineau brillait de mille feux. Sur le long tapis rouge, caméras et appareils-photo fixaient pour la postérité les poses fantasques de centaines d’étoiles de la prochaine saison de télévision pendant que circulaient les bouchées gourmandes et les boissons pétillantes. Une soirée dînatoire immortalisée par des milliers de photos et de vidéos distribuées à gogo dès hier matin.

La fête continue

Le départ des centaines d’étoiles du petit écran qui assistaient à la fête n’y a pas mis fin. Les retrouvailles ont repris hier, à 9h50, alors que la «gang» d’Antigang mangeait au Studio R en compagnie des journalistes et des photographes. Aujourd’hui, même heure, même lieu, ce sont les vedettes de Stat qui visionnent leur émission et cassent la croûte en compagnie de la presse et des photographes. Demain, ce sera au tour des vedettes de Dumas de déjeuner dans le crépitement des caméras et des appareils-photo.

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J’ai assisté à des dizaines de lancements de saison à Radio-Canada. De mémoire, je n’en ai jamais vu d’aussi splendides qui s’étiraient même sur plusieurs jours. Luce Julien avait, en effet, lancé les festivités le mardi 19 août. Elle avait accueilli des dizaines d’invités à manger au Studio R, où ils avaient pu écouter et photographier Marie-Maude Denis et les nombreuses têtes d’affiche de l’information.

Mais ailleurs sonne le tocsin

Mardi, TVA, qui n’a plus les moyens d’être voisin du diffuseur public, lançait discrètement sa nouvelle saison dans les studios Mels. Noovo faisait de même, encore plus discrètement!

Ce n’est un secret pour personne, sauf peut-être pour le gouvernement canadien, que nos deux réseaux de télévision privés sont au bord de l’abîme. Pierre Karl Péladeau a même profité de la rentrée de TVA pour sonner le tocsin alors qu’on carillonnait joyeusement à Radio-Canada à l’abri de la tempête grâce au milliard et plus d’argent public.

Un honteux étalage

Malgré des centaines de mises à pied au sein du Groupe TVA et chez Bell, les nuages continuent de s’accumuler et les déficits grossissent. Si rien n’est fait demain ou après-demain, CBC/Radio-Canada pourrait bien occuper seule le petit écran. Comme au milieu du siècle dernier! L’aveuglement du gouvernement fédéral, la politicaillerie de la Chambre des communes et du Sénat et l’indécrottable lenteur du CRTC auront eu raison d’une télévision sans laquelle ne saurait survivre notre culture.

Dans un climat d’incertitude aussi chargé que celui dans lequel nous vivons et à un moment de notre histoire où les cinéastes, les artistes et les artisans de la télévision, du théâtre, de la musique et du spectacle tirent le diable par la queue, c’est scandaleux que notre diffuseur public, convaincu d’avoir le droit de manger à tous les râteliers, fasse pareil étalage des moyens qu’on lui donne.

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