Le fondateur de Mira, Éric St-Pierre, est décédé

Zoé Arcand
Le fondateur de Mira s’est éteint vendredi soir, après avoir dévoué sa vie à l’élevage de chiens pour aider les autres, alors que lui-même «comptait les cennes» à ses débuts.
Décédé à l’âge de 77 ans, Éric St-Pierre «était malade depuis un bout, raconte son fils, Nicolas St-Pierre. Il s’est simplement assoupi.»
M. St-Pierre a passé sa vie auprès de chiens. Au début des années 1980, une amie est venue le voir pour lui demander des conseils, se souvient son fils.
«Elle avait des problèmes avec son chien-guide», qui venait des États-Unis, met en contexte celui qui a pris la relève comme directeur de la Fondation Mira en 2015.
Éric St-Pierre a alors réalisé que l’élevage et l’entraînement de ces canidés n’étaient pas adaptés au climat québécois. La barrière de langage limitait aussi l’accès de nombreuses personnes aux services de ces chiens américains.
«Ç’a été le mariage parfait avec sa passion des chiens, parce qu’il s’est retrouvé avec un objectif, celui d’en élever pour aider les gens», raconte le fils du défunt, ému.
«Pas une cenne»
«Mira, c’était un projet bâti par la base, on n’avait pas une cenne, explique-t-il. On n’a pas décidé de faire ça parce qu’on avait de l’argent, on a décidé de faire ça parce qu’on voulait aider les autres.»
Évidemment, M. St-Pierre n’a pas bâti Mira seul. Avec son fils et sa conjointe de l’époque, Johanne Hallé, le trio était perçu comme «indestructible» par son entourage, affirme le directeur général actuel de la fondation.
«On se faisait couper l’électricité ou le téléphone, on passait nos fins de semaine à vendre des macarons dans les centres d’achats pour pouvoir passer à travers nos semaines avant que les gens commencent à s’intéresser à nous», se souvient-il.
Travailler fort
Il leur a fallu bûcher pendant cinq ans avant que l’organisme commence à obtenir une certaine visibilité et, surtout, de l’aide de sa communauté.
«Un jour, un gars qui travaillait dans une banque est venu chez nous et nous a donné un chèque de 10 000$ juste parce qu’il savait sur quoi on travaillait», donne en exemple Nicolas St-Pierre.
Et c’est à bord de corbillards offerts gracieusement que ses parents venaient le chercher à l’école.
C’est après le design du logo aux têtes de chiens, aujourd’hui bien connu, que les contrats d’élevage ont commencé à arriver.
Depuis, la fondation a offert gratuitement plus de 4000 chiens à des personnes dans le besoin.
Ayant les rênes de l’organisme en main, Nicolas St-Pierre travaille aujourd’hui à assurer le futur «pour que quand plus aucun St-Pierre ne sera impliqué avec Mira, la fondation conserve ses valeurs fondatrices».
En plus des non-voyants, ce sont aussi les personnes handicapées, comme les quadriplégiques et les paraplégiques en plus de celles vivant avec un trouble du spectre de l’autisme, qui bénéficient des chiens accompagnateurs dressés par Mira.