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Culture

Le fils de Linda Malo sur les traces de sa mère et de son grand-père Yves Corbeil

Découvrez la série «Empathie» sur la plateforme Crave

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Marjolaine Simard

2025-05-01T10:00:00Z
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Linda Malo rayonne d’une énergie hors du commun, et c’est avec enthousiasme que nous la retrouvons de plus en plus sur nos écrans depuis son retour dans la touchante série Les Perles. Ce rôle a marqué le début d'une succession de performances marquantes dans des productions telles qu’Avant le crash, Inspirez expirez, Projet Innocence, et, plus récemment, dans la série incontournable Empathie, primée au festival Séries Mania. Linda se livre sur le plaisir d’incarner Guylène Bien-Aimé, un rôle qui l’immerge profondément dans ses propres souvenirs et les valeurs transmises par ses parents, parmi lesquelles l’empathie occupait une place centrale.

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Dans la série Empathie, tu incarnes la mère adoptive de Suzanne, une psychiatre qui travaille dans un hôpital psychiatrique, incarnée par Florence Longpré...

Dans cette série, l'intrigue alterne entre l'époque actuelle et des flash-backs. Lors de sa première apparition, mon personnage, Maître Guylène Bien-Aimé, nous plonge dans les années 1980, à une époque où elle devient la première femme noire à intégrer un grand cabinet d'avocats à Montréal. Sa phrase «On fait l'histoire!» prend tout son sens dans ce contexte, puisque les femmes et les hommes noirs étaient encore rares dans des postes influents. Ce qui rend Guylène Bien-Aimé fascinante, c'est sa relation complexe avec ses filles, Suzanne et Astryd (Sophia Blondin). Les relations mère-fille sont souvent difficiles, et l'amour ne guérit pas tout. C’est une femme au caractère bien trempé, et cela se reflète dans l’éducation qu’elle offre à ses filles. On verra que son attitude a un impact profond sur la vie de ses enfants. Ce qui est particulièrement touchant, et rare à voir, c'est l'inversion des rôles sociaux. Guylène vit dans une grande maison avec son mari Anderson (Martin David-Peters) et leur famille noire fortunée emploie des domestiques blancs. De plus, ils ont adopté un bébé blanc, Suzanne, une inversion des normes que l'on n'a pas souvent l'occasion de voir à l'écran.

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Qu’est-ce qui te touche plus particulièrement dans cette série?

La série montre clairement la frontière mince entre rester sain d'esprit et basculer. Suzanne, tout en soignant des malades, doit elle-même guérir de ses propres blessures. J'ai été particulièrement émue que l’histoire se déroule dans un hôpital psychiatrique, car ces patients avaient une vie avant leur admission. Qu’est-il arrivé pour que tout bascule pour eux? Florence Longpré et le réalisateur Guillaume Lonergan forment un duo incroyable, tant sur le plateau qu'en dehors, créant un noyau solide. C’était un plateau exceptionnel pour une actrice.

Tu portes en toi deux cultures bien présentes dans cette série...

Mon père, Fernand, est Québécois et ma mère, Marie, est haïtienne. Ils se sont rencontrés en Haïti. Mon père y est allé dans les années 1960, à l'époque où il faisait partie d'une congrégation d’entraide. C’est là qu’il a rencontré ma mère. Il est ensuite revenu au Québec pour finir ses études. Mon père était enseignant en français. Il est maintenant décédé. C'est toujours difficile pour moi de parler d'eux au passé, car je les aime profondément.

Tes parents se sont donc retrouvés après quelques années de séparation obligée...

Ils ont correspondu durant deux ou trois ans à une époque où l'internet n’existait pas. Ils s’envoyaient des lettres manuscrites. Puis, mon père est retourné en Haïti et a demandé la main de ma mère à mon grand-père. Comme le dicton le dit: «Qui prend mari prend pays.». Maman est venue ici. Ils se sont beaucoup aimés. C'est la mort qui les a séparés. C'était vraiment un couple exemplaire.

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As-tu des frères et sœurs?

Je suis la deuxième de trois filles. Les trois sœurs Malo, on s’adore. Je pense qu’on est un beau reflet de la façon dont on a été élevées par cette mère haïtienne et ce père québécois très unis. Je pense qu'on ne peut qu’être émus quand on a eu de si bons parents et ce qui m'émeut également d'en parler, c'est aussi de voir mon personnage, Guylène Bien-Aimé, dans les années 1980, vivre cette grande réussite. Car on comprend et on sait que ce n'était pas facile pour elle d’être la première femme noire à devenir une imminente avocate dans un cabinet. Il y a un lien direct qui me fait penser à mes parents.

Tu vois à travers ton personnage le chemin que ta mère a dû parcourir...

Quand ma mère est arrivée dans les années 1960, il y avait encore de la ségrégation aux États-Unis. Ce n'était pas facile, mais c'est leur amour qui a permis à ma famille de tenir bon. Aujourd'hui, les couples mixtes sont plus courants, mais cela m'émeut toujours de penser à ce qu'ils ont traversé. Ce que je suis devenue, c’est grâce à leur amour et leur union. En jouant Guylène Bien-Aimé qui prend cette place, je me dis: «Wow, pour maman!» Si mon personnage dans les années 1980 ressentait cela, je n’ose imaginer ce que ma mère a dû affronter dans les années 1960.

Bruno Petrozza / TVA Publication
Bruno Petrozza / TVA Publication

C’est tout de même intéressant que tu aies commencé ta carrière comme mannequin dans les années 1980 avec la célèbre campagne de publicité Toutes les couleurs du monde, de Benetton, qui a marqué les esprits avec son ouverture sur le monde et la diversité...

Oui, le photographe Oliviero Toscani m’avait repérée pour cette campagne en 1987-1988. Effectivement, le slogan United Colors ou Toutes les couleurs du monde a été très marquant à l’époque. Je pense que la série Empathie peut faire écho à la campagne de Benetton, car on y retrouve une mosaïque de ce qu'est notre société, elle reflète la diversité. Empathie est un titre simple, mais qui veut dire tellement de choses. Sans empathie, qu'est-ce qui nous reste?

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L’empathie est une chose qui te tient à cœur...

Oui, j'ai passé toute ma jeunesse dans les Jeannettes. L'empathie était l'une des premières valeurs qu'on nous enseignait. Disons que j’ai oublié comment faire un nœud coulant depuis cette époque (rires), mais plus sérieusement, j’y ai appris l’importance d’aider les autres dans la société où je vis.

Tu as commencé ta carrière en tant que mannequin, puis tu es devenue la tête d’affiche de la série Jasmine. Tu as tracé un chemin intéressant à une époque où on voyait moins de Noirs à la télé...

Dernièrement, j'ai participé à un article pour l'Université de Montréal. La journaliste m’a demandé: «Est-ce que vous vous rendez compte que, pour beaucoup de jeunes dans les communautés culturelles, vous avez été une pionnière?». Si c’est le cas, j’en suis très heureuse! Cette expérience a été déterminante. Jean-Claude Lord a eu l’audace de me proposer ce rôle, car il voulait une série qui reflète la société québécoise. J’ai travaillé dur pour rendre Jasmine crédible et attachante. Mon objectif était que le public québécois l’aime, et ce pari, je l’ai gagné.

Photo : / TVA
Photo : / TVA

Tu es également une femme d'affaires. Tu as réussi à te dessiner une voie pour les moments où les rôles sont moins présents...

Je fais de la vidéo corporative pour de petites, moyennes et grandes entreprises, avec des équipes réduites, selon les projets. Parfois, on est trois et je m'occupe de tout. Ce qui compte, pour moi, c’est le côté créatif. En 2010, quand la baisse d’opportunités est survenue, je me suis dit qu’il fallait développer quelque chose qui me garde dans la créativité. C’est ainsi que j'ai lancé ma petite entreprise, et j’adore ça!

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Ton fils, Edouard, est également très créatif. La pomme n’est pas tombée loin de l’arbre...

Oui, il est auteur-compositeur et interprète. Il termine ses études cette année en guitare. Il est vraiment passionné par ses créations. Il a même eu l'occasion de chanter avec son grand-père Yves Corbeil. On a eu une belle surprise récemment: Sabrina Cournoyer, à Salut Bonjour, a parlé d’Edouard très positivement, sans savoir qu’il était mon fils, juste au moment où il sortait son microalbum La fin du monde n’est pas si laide. Je suis vraiment fière de lui.

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