Le fédéralisme respectueux des conservateurs... et ses contradictions

Il était attendu, ce cadre financier des conservateurs. Très attendu. Avec les promesses d’alléger l’impôt comme on taille dans un gâteau, de supprimer la TPS sur des maisons à 1,4 million et de couper dans l’aide étrangère – parce que la compassion internationale, c’est dépassé –, on se demandait bien comment tout cela allait s’emboîter dans un document qui se tient debout.

Oups

En grattant un peu la surface bien lustrée de cette plateforme, on finit par tomber sur quelques perles. M. Poilievre y promet un «fédéralisme responsable et respectueux de la nation québécoise». Voilà une belle phrase creuse qui pourrait presque faire croire à un gouvernement fédéral qui respecte les provinces, pour faire changement. On imagine déjà un Ottawa qui s’interdit de piétiner les champs de compétence du Québec.

Sauf que quelques pages plus loin: patatras! On découvre que les conservateurs veulent «financer 350 places en résidence de médecine». Oui, oui, dans un domaine de compétence strictement provinciale. Petit oubli de cohérence? Ou gros clin d’œil électoral?

Infrastructures québécoises

Et ce n’est pas tout. On lit noir sur blanc le financement du remplacement du pont de la rivière Coquitlam et de la route vers le Cercle de feu en Ontario – des projets chiffrés, précis, assumés. Pendant ce temps, silence radio sur le tramway de Québec dans le tableau chiffré. Vous savez, ce projet réel, en marche, sur lequel les conservateurs veulent tirer un trait au profit du mirage du troisième lien. Ah, mais on nous rassure: les 1,44 milliard prévus pour le tramway seraient simplement transférés. Pas besoin d’écrire ça noir sur blanc. Faites-nous confiance, qu’ils disent. Bien sûr.

Et pour faire tenir ce château de cartes budgétaire, les conservateurs parient sur une croissance économique soutenue, malgré les nuages noirs de la récession. Ils comptent sur des revenus fiscaux qui tomberont du ciel. Bref, un budget d’avenir... dans le monde merveilleux des licornes.