Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Le drame d’Amqui est «un accident», plaide le clan Steeve Gagnon

La défense demande au jury d’acquitter l’homme de 40 ans des trois chefs d’accusation de meurtre au premier degré et de tentatives de meurtre qui pèsent contre lui

Photo d’archives Stevens LeBlanc
Partager
Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2025-06-18T18:29:40Z
Partager

L’avocat de Steeve Gagnon plaide que la mort de trois hommes et les blessures graves des autres personnes impliquées dans la tragédie du 13 mars 2023 à Amqui ne sont pas attribuables à un crime sordide, mais bien à un accident de la route.

«Si vous croyez la version de l’accusé, un acquittement est possible. Vous êtes en présence d’un accident», a soumis aux 14 jurés Me Hugo Caissy dans sa plaidoirie finale mercredi.

Cette version de la défense soutient que Gagnon s’est penché du côté passager pour ramasser une capsule allant sur sa cigarette électronique, tirant son volant vers la droite alors qu’il roulait sur le boulevard Saint-Benoît. C’est là qu’il aurait «échappé la route», affirme la défense. Un geste «imprudent, mais pas invraisemblable».

Preuve déposée au tribunal
Preuve déposée au tribunal

Quant aux théories du complot, aux esclandres de son client lors de son témoignage et aux vidéos décousues, Me Caissy estime que rien de tout cela n’empêche le jury d’en venir à la conclusion qu’il recherche.

«Ce n’est pas parce que l’accusé est confus que sa version n’est pas la bonne», a insisté l’avocat de l’aide juridique, expliquant que les souvenirs flous de son client sur la suite des événements peuvent être expliqués par une «dissociation traumatique».

Publicité
«Pas de lien» avec les vidéos

Pour Me Caissy, la vidéo où Steeve Gagnon détaille un supposé plan pour s’en prendre à des enfants dans la cour de trois écoles d’Amqui relève «d’un individu qui raconte une histoire» plutôt que d’un plan prémédité duquel il aurait dévié en se rendant vers le boulevard Saint-Benoît après s’être présenté dans une cour de polyvalente vide.

Selon la défense, les images de l’accusé dans le stationnement de la polyvalente dans les minutes précédant le drame s’expliquent simplement par le fait que Gagnon souhaitait se rendre chez un ami pour aller ventiler ses frustrations, mais qu’il y aurait fait demi-tour se rappelant que l’individu en question travaillait ce jour-là.

Capture d'écran d'une vidéo déposée en preuve au tribunal
Capture d'écran d'une vidéo déposée en preuve au tribunal

«La Couronne va tenter de faire le lien, de prouver la préméditation, mais il y a trop de différences pour que ce soit un plan clair», croit ce dernier.

Et si jamais le jury devait en venir à la conclusion qu’il ne fait aucun doute dans leur esprit que le drame n’était pas un accident, la défense soutient que rien dans la preuve ne soutient la thèse du meurtre au premier degré.

«Si vous concluez que c’est volontaire, qu’il avait l’intention de tuer le 13 mars [...], c’est une décision impulsive prise une journée où il était en calvaire contre le chômage, que sa journée va mal et qu’impulsivement il a décidé de foncer sur les gens», a suggéré Hugo Caissy, invitant le jury a déclaré son client coupable d’homicide involontaire ou de meurtre non prémédité s’il ne l’acquitte pas.

Publicité

Me Hugo Caissy, avocat de Steeve Gagnon, au palais de justice de Rimouski, le 15 mai 2025.
Me Hugo Caissy, avocat de Steeve Gagnon, au palais de justice de Rimouski, le 15 mai 2025. Photo Pierre-Paul Biron

«Ni crédible ni fiable»

Le ministère public a quant à lui demandé aux jurés de faire appel à leur «gros bon sens», soulignant que rien empêchait une personne impulsive d'échaffauder un tel plan.

Me Simon Blanchette a rappelé d’entrée de jeu les nombreux problèmes de Steeve Gagnon, tant financiers que physiques. D’ailleurs, lors de son interrogatoire policier, l’accusé a tenu des propos qui sont bien loin de la thèse de l’accident, a rappelé le procureur.

Me Simon Blanchette, procureur de la Couronne.
Me Simon Blanchette, procureur de la Couronne. Photo Pierre-Paul Biron

«Gagnon a dit à l’enquêteur que s’il avait eu de l’aide, il ne serait pas dans un poste de police», a-t-il souligné.

Quant à la vidéo du plan sordide, elle ne laisse place à aucune interprétation a ajouté le représentant du DPCP. Ce dernier a insisté sur le fait que Gagnon y parle à la première personne, détaillant le trajet, la durée, le nombre de victimes et la fin du scénario au poste de police semblable à la conclusion du drame du 13 mars.

«L’accusé n’est ni crédible ni fiable. Vous ne devriez pas le croire», a martelé Me Blanchette.

Restera maintenant au juge Louis Dionne à donner ses directives en droit au jury jeudi matin, après quoi les citoyens seront séquestrés pour leur délibération finale.

Un procès qui tire à sa fin

Verdicts abordés lors des plaidoiries des parties

Défense :

  • Acquittement, si les jurés adhèrent à la thèse de l’accident
  • Homicide involontaire coupable
  • Coupable de meurtre non prémédité

Poursuite :

  • Coupable de meurtre prémédité

Photo STEVENS LEBLANC
Photo STEVENS LEBLANC

Au total, près de 50 témoins ont été entendus lors des 16 journées d’audience.

Steeve Gagnon fait face à trois chefs d’accusation de meurtre prémédité et deux autres de tentatives de meurtre multiples.

Il s'expose à une peine de prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité