Détention réclamée contre un présumé fraudeur
Le ministère public craint de le voir fuir le pays


Pierre-Paul Biron
Le présumé fraudeur accusé d’avoir dérobé près de 900 000$ au Groupe Sogno aurait mis la main sur l’argent en se versant du salaire en extra, en plus de se virer plus d’un demi-million à travers près de 300 transactions frauduleuses. Le ministère public s’oppose maintenant à sa remise en liberté, craignant qu’il ne fuie vers le Vietnam.
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Trieu Duy Huynh a été formellement accusé de fraude de plus de 5000$ le 10 septembre dernier après une enquête qui aura duré près de deux ans.
L’individu de 53 ans avait été embauché par le Groupe Sogno, qui possède plusieurs restaurants, comme Bello et La Bûche, pour gérer la comptabilité des établissements.
Selon la preuve présentée lors de son enquête sur remise en liberté, il en aurait plutôt profité pour avoir la mainmise sur les livres des différents établissements et engraisser ses propres comptes.
Crainte de fuite
Le procureur au dossier, Me Fabien Villemaire, a fait l’étalage jeudi des gestes reprochés à Huynh.
Extra en salaire de 180 000$ versés annuellement, virements de 670 000$ à travers 286 transactions frauduleuses, ouverture de cartes de crédit utilisées par l’accusé ou ses proches parents; la liste des moyens mis en place par le quinquagénaire pour accéder aux sommes serait longue.
Mais si le ministère public s’oppose à sa remise en liberté, c’est aussi parce que Huynh, originaire du Vietnam, aurait mentionné à plusieurs reprises à des proches son souhait de retourner dans son pays d’origine.
Il aurait notamment annoncé ses intentions d’acquérir un parc immobilier là-bas et d’en vivre.

L’avocat du comptable, Me Richard-Philippe Guay, a indiqué au tribunal avoir en sa possession le passeport de son client.
Il assure du même coup que Huynh n’a aucune intention de «faire un Mukendi de lui-même», faisant référence au pasteur coupable d’agression sexuelle qui a fui au Congo.
Mais son opposant ne voit pas les choses du même œil, soutenant qu’aucun traité d’extradition n’existe avec le Vietnam.
«Mukendi est un bon exemple, ses passeports avaient été déposés et il avait un engagement de ne pas quitter le pays», a rappelé Me Villemaire, soulignant qu’à peu près tout est possible lorsqu’un individu a accès à de l’argent.
Transfert à des proches?
Et le ministère public estime que celui qui se fait appeler Wayne Huynh pourrait bien avoir accès à des capitaux après avoir placé plusieurs biens au nom de ses proches dans les dernières années.
Trois Mercedes-Benz et une BMW ont été achetées à même l’argent fraudé, selon la Couronne. Puis 380 000$ auraient été redirigés de ses comptes à ceux des membres de sa famille.
Me Villemaire s’oppose donc à la remise en liberté de l’accusé sur les trois motifs prévus au Code criminel, insistant sur le fait que le tribunal ne peut faire confiance à cet individu alors que des dizaines de personnes impactées par la présumée fraude lui ont déjà trop fait confiance.

Réputation de «crosseur»
En défense, le père et le frère de Wayne Huynh se sont proposés comme cautions, offrant chacun 10 000$ en garantie.
Le frère de Wayne Huynh a toutefois été forcé de reconnaître avoir déjà entendu parler de la réputation de «crosseur» de son frère, admettant qu’il n’aurait pas été là si l’accusé n’avait pas été son frère. «C’est la famille...»
L’accusé a également proposé en garantie le même montant, sans dépôt comme ses proches. Il s’engage aussi à un couvre-feu, à activer la localisation sur son téléphone cellulaire, à ne pas occuper un emploi en comptabilité et à se rapporter aux policiers hebdomadairement.
La juge Sylvie Marcotte a pris le dossier en délibéré et tranchera vendredi sur la remise en liberté ou non de l’accusé.
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