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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Le directeur général de la FTQ-Construction Éric Boisjoly quitte son poste et refuse de prendre le blâme

Son syndicat était dans la tourmente depuis des semaines en raison de dépenses d’alcool et de restaurants

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Photo portrait de Sarah-Maude Lefebvre

Sarah-Maude Lefebvre

2025-03-19T15:00:00Z
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Le directeur général de la FTQ-Construction Éric Boisjoly a quitté prématurément son poste mercredi, en refusant de prendre le blâme pour les nombreuses dépenses d’alcool et de restaurants effectuées par la direction de son syndicat.

En assemblée mercredi avec les directeurs et représentants de la FTQ-Construction, il a expliqué qu’il avait décidé de partir plus tôt à la retraite que prévu en raison de la tempête qui secoue son organisation depuis quelques semaines.

«Des récentes attaques contre certains membres de l’équipe de la FTQ-Construction, dont moi-même, m’ont laissé un goût amer. Comprenez que je ne suis pas contre les revendications ou la dénonciation [...] C’est plutôt la manière de le faire qui ne me rejoint pas», a-t-il dit.

«Je suis conscient que cette annonce risque de faire démarrer la machine à rumeurs, ce qui est hors de mon contrôle. Ce sera aux gens de décider s’ils y adhèrent ou non», a également affirmé M. Boisjoly.

Celui qui dirigeait le plus important syndicat de construction au Québec depuis 2018 a systématiquement refusé de s’adresser aux médias au cours des dernières semaines. Le nom de son successeur n’a pas encore été rendu public.

«Surprenant»

Ce départ soudain étonne plusieurs observateurs, dont l'analyste et ex-directeur québécois du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Marc Ranger, qui se demande pourquoi M. Boisjoly quitte au beau milieu des négociations des conventions collectives de l'industrie de la construction. 

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«Les syndicats négocient sous le chapeau de l’Alliance syndicale de la construction. Éric Boisjoly était un peu comme le porte-parole dans ce front de négociations. De voir qu’il quitte à ce moment-ci, c’est surprenant», dit-il. 

M. Ranger a aussi questionné le silence de M. Boisjoly concernant les dépenses de son syndicat. «Quand tu fais face à un vent de face, tu y vas. Tu réagis. Tu n’essaies pas de voir d’où ca vient (...) Quand on s’adresse aux médias, on parle aussi à nos membres. C’est l’occasion de faire un mea culpa ou de rétablir les faits», dit-il. 

Magali Picard repentante

De son côté, la grande dirigeante de la FTQ, Magali Picard, a réitéré mercredi l’importance de bien protéger les lanceurs d’alerte et s’est excusée pour une entrevue maladroite donnée à ce sujet à la radio au cours des dernières semaines.

En entrevue avec Patrick Lagacé, Mme Picard avait laissé entendre qu’elle était plus en colère contre les lanceurs d’alerte que les dépenses effectuées à la FTQ-Construction.

«J’ai fait une très mauvaise entrevue à Patrick Lagacé (...) Je ne suis pas contre les lanceurs d’alerte, loin de là. Je l’ai manquée, celle-là», a-t-elle affirmé mercredi.

Mme Picard a aussi souhaité «la meilleure des retraites» à Éric Boisjoly, sans toutefois condamner ou revenir sur les allégations qui ont affecté son syndicat.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

À même les cotisations syndicales

Au cours des dernières semaines, notre Bureau d’enquête a révélé plusieurs dépenses effectuées par la direction de la FTQ-Construction, à même les cotisations syndicales:

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Ces révélations avaient choqué le ministre du Travail, Jean Boulet. «Ce qui se passe actuellement ébranle mon lien de confiance [envers la FTQ-Construction]», a-t-il déclaré à la fin janvier, se disant «choqué et profondément outré».

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) avait également réagi et condamné vivement le comportement du responsable de la santé et de la sécurité de la FTQ-Construction, Simon Lévesque, qui siège aussi à son conseil d’administration.

Ce dernier avait facturé sur son allocation de dépenses un dîner arrosé à 16 consommations d’alcool. Il a été réprimandé par la CNESST et devra suivre une formation visant à «corriger son comportement».

«Je lui ai rappelé que son comportement tel qu’allégué dans les médias est inacceptable et contraire au comportement attendu de la part d’un membre du conseil d’administration de la CNESST», nous avait écrit la présidente du C. A., Louise Otis.

Mise en demeure

Après nos reportages, la FTQ-Construction avait indiqué qu’elle s’était déjà engagée depuis quelques semaines dans un processus pour «réviser l’ensemble de sa gouvernance et ses politiques de gestion».

La firme externe engagée à cette fin a aussi reçu le mandat de trouver l’origine de fuites de documents.

En février, le syndicat avait aussi menacé de poursuivre notre Bureau d’enquête s’il publiait de nouveaux reportages à son sujet, ce qui avait été vivement dénoncé par des associations de journalistes.

Avec la collaboration de Marc-André Gagnon

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