Le directeur général de l'Établissement de détention de Sherbrooke quitte ses fonctions

Jasmin Dumas | TVA Nouvelles
Alors que le climat de travail tendu est dénoncé depuis des mois par les employés de la prison de Sherbrooke, le directeur général quitte ses fonctions. Pour le syndicat, la personne qui lui succédera aura «tout un défi» pour rétablir les ponts.
Le président national du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec, Mathieu Lavoie, parle d’un «climat de travail malsain qui dure depuis des mois» au centre de détention de Sherbrooke.
Questionné sur les raisons du départ d’Yves Capelette, qui occupait le poste par intérim, le ministère de la Sécurité publique (MSP) ne fait aucun lien avec le climat de travail.
«L’actuel directeur des services correctionnels (DSC) de l’Estrie par intérim a décidé de prendre la relève de la DSC du Saguenay–Lac-Saint-Jean qui débutera sous peu de nouvelles fonctions aux Services correctionnels. Il a choisi de mettre à profit ses connaissances du milieu carcéral au bénéfice des services correctionnels du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de l’Établissement de détention de Roberval», a expliqué le ministère par courriel.
Des sources à l’intérieur des murs de la prison, qui désirent garder l’anonymat pour éviter des reproches de l’employeur, croient que ce départ va certainement soulager certains employés, mais le mal est profond.
Le ministère de la Sécurité publique a affirmé que le processus de sélection en vue de nommer une nouvelle direction est en cours et que «l’identité de la personne choisie pour occuper le poste de DSC de l’Estrie sera annoncée au personnel et aux partenaires concernés dans les prochaines semaines.»
Leadership et jugement
En entrevue à TVA Nouvelles, le directeur général du réseau correctionnel de l‘Ouest-du-Québec, François Demers, a détaillé les critères requis pour occuper ce poste.
«Il y aura un affichage à l’intérieur du MSP. On demande une expérience d’au moins neuf ans, dont trois comme cadre, et ça prend une expertise correctionnelle. Notre processus fait en sorte qu’on identifie des gens avec du leadership et qui vont être capables d’exercer leur travail avec beaucoup de jugement. Ce sont des critères vraiment importants», a-t-il dit.
Le président du syndicat, Mathieu Lavoie, se fait peu d’illusions : «À Sherbrooke, compte tenu du fait que le climat de travail est malsain depuis des mois, clairement la personne qui sera nommée à la direction générale a d’affaire à s’atteler et avoir une baguette magique pour régler les problématiques. Je suis loin de vivre dans un monde de licorne et je pense qu’il y aura d’autres changements nécessaires. Il faudrait aussi revoir une partie de l’équipe de gestion parce que les gens qui étaient problématiques dans les derniers mois sont encore là, on les a juste changés de chaise. Ça ne veut pas dire qu’ils vont devenir meilleurs.»
Selon Mathieu Lavoie, le problème réside dans le processus de nomination: «on place des gens à la tête des établissements de détention qui ne connaissent rien aux services correctionnels. On va prendre des gens en regard de leur diplôme plutôt qu’une expérience plancher. Donc on se retrouve avec des directeurs ou des directrices qui n’ont jamais vu une prison.»
Il suggère que le service correctionnel ne devrait pas être soumis aux règles de nominations de la fonction publique: «on devrait prendre exemple sur les corps de police où les gens doivent avoir une certaine expérience sur le terrain avant de pouvoir monter dans la hiérarchie.»