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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le dinosaure du hockey a l’air un peu fou

Les trois équipes qui ont le moins frappé cette saison sont encore en vie

Photo Getty Images via AFP
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Photo portrait de Jean-Nicolas Blanchet

Jean-Nicolas Blanchet

2025-05-21T15:30:00Z
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Je marchais dans la forêt avec mon chien cette semaine. C’était dans un petit coin tranquille à Charlesbourg. Quelle ne fut pas ma surprise de tomber face à face avec le dinosaure du hockey.

Oui, oui! Il était en train de nourrir les canards de l’étang avec du vieux pain.

«Mais qu’est-ce que tu fais là?», lui ai-je lancé.

«Ah, tu sais Jean-Nic, je me tiens à l’écart ces temps-ci. On dirait que je suis dépassé», m’a-t-il répondu.

J’étais stupéfait. Le dinosaure avait pourtant encore la cote récemment.

Il était omniprésent quand les Capitals jouaient au pin-ball avec la tête des joueurs du Canadien en première ronde.

Il était là quand le Canada et les États-Unis se sont livré plus de coups de poing sur la gueule que de tirs au but durant la première période de la Confrontation des 4 nations.

Le dinosaure était encore pas loin quand le minuscule Cole Caufield commençait sa carrière et plein de fans du Canadien pensaient qu’il allait seulement être un gars d’avantage numérique.

Le dino se baladait allégrement quand la plupart des amateurs racontaient que Lane Hutson n’allait jamais être capable de faire le travail défensivement ou qu’il allait s’éteindre en séries, car il est trop petit.

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Pour ceux qui ne m’ont pas suivi, le dinosaure, c’est l’incarnation de l’opinion que j’estime souvent rétrograde sur le hockey. C’est celui qui symbolise que le hockey se gagne par l’intimidation et les gros joueurs. Et vous comprenez que je m’inscris en faux. C’est mon opinion. Je vous aime même si vous ne la partagez pas. Mais batinse que je vais m’obstiner avec vous.

Bref, je questionne le dinosaure du hockey afin de comprendre pourquoi il ne se fait pas aller la gueule plus que ça ces temps-ci. Quand même, en séries, ça joue du hockey physique, comme dans le temps. Il doit aimer ça. Ça rejoint son bon vieux message. Non?

«Ç’a l’air physique, mais ça ne l’est pas tant que ça. À part les Panthers, c’est vraiment tranquille, m’explique-t-il. On voit quelques gestes violents. Sinon, ça joue vraiment au hockey. Ça se fait des belles passes et ça joue stratégique.»

Et il continue. « Jean-Nic, ne le dis à personne, mais savais-tu que sur les quatre équipes qui ont donné le moins de mises en échec cette saison, il y en a trois qui sont encore en séries?»

«Ben voyons, Monsieur dinosaure, j’aurais pensé que les équipes qui n’ont pas l’habitude de jouer physiquement n’étaient pas capables d’avancer en séries. Même Jeff Gorton et Kent Hughes ont dit que le Canadien devait aller chercher plus de “physicalité” et les fans rêvent de Sam Bennett, un king du jeu robuste», l’ai-je relancé.

«Bien non, Jean-Nic, tu te plantes. Il y a encore juste les Panthers qui me donnent un peu raison. Sinon, j’ai l’air un peu fou. Les Oilers, les Stars et les Hurricanes, ce sont les trois équipes qui frappaient le moins cette année. Et je comprends que les Capitals ont frappé le Canadien, mais Montréal avait juste à jouer au hockey au lieu d’essayer de les frapper aussi. Les Hurricanes, eux, se sont fait frapper, mais ils ont joué au hockey et Washington s’est fait déclasser. Tout le monde s’en fichait de Tom Wilson», m’a répliqué M. Dino.

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«Il y a plein d’affaires qui ne concordent pas avec mon discours, poursuit le dinosaure, avec dépit. Dans mon plan, Lane Hutson allait être mauvais en séries. Il est trop petit. Mais il a été le meilleur compteur de l’équipe. Et que dire des Hurricanes, ce sont des Schtroumpfs. Seth Jarvis, Logan Stankoven, Dmitri Orlov, Jackson Blake, Scott Walker, Shayne Gostisbehere... ça ne mesure même pas six pieds. Leur étoile, Sebastian Aho, mesure six pieds, mais il a une shape de cure-dent. Ce n’est pas une équipe assez grosse pour gagner une ronde de séries».

Photo Getty Images via AFP
Photo Getty Images via AFP

«Bon, tu exagères, M. Dino. Les Hurricanes ont quand même Brent Burns, ça peut intimider l’adversaire quand même», ai-je riposté, pour essayer de le consoler.

«Tu es malade, toi. Tu vis en 2012. Burns a fait 11 mises en échec durant la saison. C’est trois de moins que Jonathan Drouin.»

J’avais de la misère à le croire, mais il a raison. Et en séries, Burns en a autant que Cole Caufield.

Je me sentais mal, mais je devais repartir, mon labrador essayait d’aller manger un canard. Je ne savais pas trop quoi dire au dinosaure. Après tout, c’est le bon chum de plusieurs de mes bons chums. Je sais qu’il est proche de plusieurs anciens joueurs et de plusieurs dépisteurs. Je ne veux pas trop me le mettre à dos.

«Je lui ai dit: “Écoute, si les Panthers gagnent, les gens voudront encore te sanctifier. Et s’ils perdent, ils vont rapidement oublier que tu dis souvent n’importe quoi et ils vont recommencer à t’idolâtrer, ne t’en fais pas!”».

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