Le dilemme de Québec solidaire

Elsie Lefebvre
Québec solidaire n’arrive pas à conquérir le cœur des Québécois en dehors des centres urbains.
La frilosité de QS lorsqu’il s’agit de défendre les enjeux dits «identitaires» pourrait-elle expliquer une part de cette déconnexion avec la majorité francophone? La popularité de la CAQ s’explique d’ailleurs en grande partie par cette certitude que François Legault fera de la défense de la langue française et de la laïcité de l’État une priorité.
L’évolution de QS depuis 17 ans
QS a évolué dans les dernières années sur ces questions. D’abord, très féministe, le parti alors dirigé par Françoise David et Amir Khadir appuyait fortement le principe de laïcité contenu dans le consensus Bouchard-Taylor.
Mais avec les années, QS en est venu à reprendre à son compte l’attitude hautaine associée aux libéraux envers la majorité francophone qui s’inquiète. À leurs yeux, les Québécois préoccupés par ces questions sont louches, fermés sur eux-mêmes, voire un brin racistes. QS a d’ailleurs appuyé sur le bout des lèvres la loi 96 sur le français et rejeté la loi 21 sur la laïcité. Deux lois importantes aux yeux d’une majorité de Québécois pour la pérennité d’une société juste, égalitaire et francophone.
- Écoutez l'édito d'Elsie Lefebvre à l'émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 10 h 32 via QUB radio :
QS à l’encontre de la majorité
En menant la charge avec le PLQ et Justin Trudeau contre la loi 21, les solidaires s’opposent à 55-65 % des Québécois qui appuient la loi 21, et le pourcentage est bien plus élevé en région.
Alors que Statistique Canada publiait des données dramatiques sur le déclin du français en août dernier, QS proposait lors des élections de monter à 80 000 le nombre d’immigrants, bien que des seuils élevés complexifient les efforts d’intégration et de francisation des nouveaux arrivants. La proposition solidaire était plus élevée que celle des libéraux...
Ces positionnements sont bien sûr populaires à Montréal et efficaces électoralement pour conquérir les circonscriptions montréalaises libérales. En ayant un caucus majoritairement montréalais, telle une chambre d’échos, les députés et militants voulant protéger leur siège défendent tant et plus des enjeux urbains et honnissent les enjeux liés à l’identité du peuple québécois.
À vouloir remplacer le PLQ à tout prix à Montréal, QS connaît le même sort que le PLQ en région.