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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Le DG de Nestlé, Laurent Freixe, congédié pour une relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée: un enjeu d’image pour l’entreprise?

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2025-09-02T18:26:07Z
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Le licenciement inattendu par Nestlé de son directeur général en raison d'une relation amoureuse avec une subordonnée répond, selon des spécialistes, à une volonté d'éviter une nouvelle atteinte à sa réputation, déjà entachée ces dernières années par une série de scandales.

• À lire aussi: Nestlé congédie son DG pour cause de relation amoureuse non déclarée «avec une subordonnée directe»

• À lire aussi: Soupçons de traitements illicites d'eaux minérales: le siège social de Nestlé perquisitionné en France

«Un risque réputationnel»

Le géant suisse de l'agroalimentaire, dont l'image a déjà pâti ces dernières années de l'affaire des pizzas contaminées Buitoni et du traitement de ses eaux minérales, a annoncé lundi le licenciement de son directeur général, Laurent Freixe, après une enquête interne sur une «relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée directe», «une infraction au code de bonne conduite professionnelle de Nestlé».

Le groupe a justifié sa décision au nom des «valeurs de Nestlé» et de la «bonne gouvernance».

Pour un groupe international comme Nestlé, «une telle affaire représente évidemment un risque réputationnel», observe Caroline Diard, professeure associée à l'école de commerce toulousaine TBS Éducation, spécialiste des ressources humaines et du droit du travail.

«Si on parlait d'un comptable dans une PME en Normandie, on ne se poserait même pas la question», souligne-t-elle auprès de l'AFP.

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À ce niveau de responsabilité, le niveau d'exposition médiatique est très élevé et la fonction comporte un aspect de représentation de l'entreprise donc «effectivement, on peut vous reprocher de ne pas avoir donné l'image qu'on attendait de l'entreprise», poursuit Mme Diard.

Si le conseil d'administration juge qu'un responsable «a commis des actes qui peuvent nuire à la réputation de l'entreprise, ça devient finalement le motif pour pouvoir s'en séparer» afin de préserver l'image de marque, explique-t-elle.

Prendre les devants

Pour Sophie Licari, consultante spécialiste de la communication stratégique, il est possible que l'entreprise ait préféré «passer par cette éviction plutôt que de risquer le déclenchement d'une polémique».

Le précédent de l'emballement des internautes mi-juillet autour du patron de l'entreprise américaine Astronomer - filmé lors d'un concert de Codlplay en train d'enlacer une de ses collègues et finalement contraint à la démission quelques jours plus tard - a selon elle aussi pesé dans la décision.

Mais cette stratégie pourrait s'avérer à double tranchant, prévient Sophie Licari.

«Ce n'est pas dit qu'en essayant de protéger la réputation du groupe, ils ne soient pas en train de provoquer une polémique», explique-t-elle en notant que la transparence peut parfois être contreproductive pour une entreprise ayant «un passif réputationnel chargé, ce qui est le cas de Nestlé».

S'il est trop tôt pour évaluer précisément l'accueil de cette nouvelle, «on voit déjà des réactions négatives sur le mode +Nestlé, ils ont triché pendant des années avec Vittel et Perrier, ils ont mis une décharge plastique sur la source de Contrex et maintenant, ils parlent de valeurs ?+», note Mme Licari.

Nestlé Waters a reconnu avoir utilisé par le passé des traitements interdits sur ses eaux Perrier notamment, mais a contesté la présence de microplastiques dans ses eaux Contrex et Hépar à la suite d'une enquête de Mediapart en août qui faisait le lien entre une décharge plastique à proximité des sources et des taux de microplastiques élevés au niveau des forages destinés à embouteiller ces eaux.

Qu'en est-il de la protection de la vie privée?

Le fait que ce licenciement soit motivé par des faits relevant de la vie privée soulève par ailleurs des questions juridiques.

En France, le droit garantit la protection à la vie privée et «on ne peut pas licencier pour un motif tiré de la vie personnelle», d'autant qu'un code de conduite n'a pas la même portée qu'un contrat de travail par exemple, souligne Madame Diard.

Cette justification du renvoi du dirigeant par des éléments privés peut également être mal perçu par le grand public.

Mais «il est possible que dans ce cas-là, on soit sous le coup de la culture suisse qui est beaucoup plus puritaine» qu'en France ou dans d'autres pays d'Europe, observe-t-elle.

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