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L'article provient de Le Journal de Montréal
Famille

Le deuil animalier, un tabou tenace

Photo Adobe Stock
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Photo portrait de Annie Ross

Annie Ross

2023-05-21T04:00:00Z
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Le décès d’un animal qu’on a aimé et chéri est un moment déchirant. Le deuil qui s’ensuit est tout aussi difficile et réel que le deuil vécu après la perte d’un proche humain. Longtemps tabou, le deuil animalier est de plus en plus accepté au grand jour.

Comme tous les médecins vétérinaires, je peux dire que je côtoie de près la douleur et la peine vécues par mes clients, lors de l’euthanasie de leur animal adoré. Je suis témoin de la souffrance et du sentiment de culpabilité, très souvent ; des remords, parfois.  

Le deuil animalier existe. Il est bien réel. Il est à la hauteur du lien d’attachement créé entre un humain et son animal. Mais ce deuil a souvent été étouffé, banalisé, bafoué, relégué aux oubliettes... 

Il faut dire qu’il y a toujours eu un certain tabou entourant le deuil animalier. Plusieurs endeuillés ne savent pas trop vers qui se tourner pour exprimer leur peine. Ils se sentent seuls à vivre ces émotions. Il y a aussi de la gêne, un certain malaise à s’afficher. Peut-être à raison, lorsqu’on entend certains commentaires qui témoignent de l’incompréhension de plusieurs à ce sujet : « Reviens-en ! C’était juste un chien ! » ou « Tu as juste à t’en acheter un autre ! ».

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LES TEMPS CHANGENT

Quoiqu’il en soit, je remarque qu’il y a quelque chose qui a changé au Québec, depuis un certain temps. Disons une décennie. Le deuil animalier est de moins en moins tabou. Il est de plus en plus affiché et reconnu. Est-ce grâce aux médias, aux Facebook et Instagram de ce monde ? Est-ce grâce à trois merveilleux livres québécois publiés sur ce sujet ? Un peu de tout ça et aussi parce que les temps changent ? On en parle davantage, assurément. 

On se gêne moins sur les réseaux sociaux. Je vois régulièrement des publications d’amis ou de connaissances annonçant le décès de leur animal chéri sur Facebook ou Instagram. 

Personnellement, il y a quelques années, j’avais annoncé sur Facebook le décès de mon chat Zeminou. J’avais le cœur en mille morceaux. J’ai été surprise du soutien reçu. J’ai eu droit ce soir-là à de nombreux messages de solidarité et de gentilles pensées de sympathies et cela m’a fait chaud au cœur. On se sent moins seul avec sa peine.

Récemment, Guy A. Lepage a publié un hommage à la suite du décès de son chien Attaque. Hugo Dumas a écrit un magnifique texte dans La Presse à la suite de la mort de son beau pug Gaston. Le Dr Sébastien Kfoury a annoncé le décès de sa belle Gaïa qui le suivait régulièrement sur le plateau de l’émission Les poilus. Ces nouvelles ont été relayées dans les médias. Je leur offre à nouveau mes plus sincères sympathies et je tiens aussi à les remercier de tout cœur de s’être livrés, à cœur couvert, au grand public. Plus on en parle, plus on légitime le deuil animalier et plus on participe au recul de ce tabou tenace. 

Voici quelques bonnes références québécoises sur le deuil animalier :

  • Le livre Deuil animalier, édition (Broquet), écrit par France Carlos, diplômée en relation d’aide depuis 1997 et experte en deuil animalier très connue au Québec ;
  • Le livre de Florence Meney, ex-journaliste et écrivaine, La dernière promenade (aux Éditions de l’Homme), explore les facettes du deuil animalier à travers divers témoignages et entretiens avec des experts en la matière ;
  • Le livre La vie sans Boris (Éditions La Presse), est un essai sur le deuil animalier écrit par Stéphanie Bérubé, journaliste, en collaboration avec le Dr Joël Bergeron, médecin vétérinaire ;
  • Le site internet euthabag.ca offre une panoplie de renseignements, d’outils et de références sur l’euthanasie et le deuil animalier.
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