Le détecteur de mensonges: Los Angeles fait face à une «invasion étrangère», affirme Donald Trump

Gabriel Ouimet
VÉRIF – Donald Trump a affirmé qu’une «invasion étrangère» était en cours à Los Angeles, alors que les manifestations contre les expulsions de migrants se poursuivaient dans la métropole californienne. Il a également accusé ses rivaux démocrates d’avoir payé les manifestants pour qu’ils attaquent les forces de l’ordre. C’est faux.
Un peu de contexte
Depuis vendredi, des centaines de personnes manifestent dans les rues de Los Angeles contre les raids menés par les agents de la police fédérale de l’immigration des États-Unis (ICE). Une quarantaine de migrants sans-papier ont été arrêté sur leur lieu de travail.
Les affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre se sont intensifiés dimanche lorsque Donald Trump a annoncé le déploiement de 2000 membres de la Garde nationale.
Le gouverneur démocrate de la Californie, Gavin Newsom, a vivement contesté l’initiative du président, l’accusant de jeter de l’huile sur le feu et d’outrepasser ses pouvoirs.
Selon lui, les soldats ne devraient pas servir à «réaliser les fantasmes fous d’un président dictatorial».
Lundi, Donald Trump en a ajouté une couche en annonçant le déploiement de 700 soldats supplémentaires. Il a aussi suggéré que Gavin Newsom devrait être «arrêté» en raison de son incapacité à calmer les manifestants.
Le gouverneur de la Californie, considéré comme un candidat potentiel à la Maison-Blanche en 2028, est l’un des plus fervents opposants à Donald Trump.
Mensonge 1 – Une «invasion étrangère» est en cours à Los Angeles
Donald Trump tente de convaincre les Américains qu’il n’avait pas d’autre choix que de déployer la Garde nationale à Los Angeles.
En visite sur une base militaire en Caroline du Nord, il a affirmé que la métropole californienne était le théâtre d’une «invasion étrangère» qui pourrait représenter une menace plus large pour le pays.
Plusieurs membres de son cabinet ont adopté cette rhétorique.
Le chef de cabinet adjoint de la Maison-Blanche, Stephen Miller, a qualifié Los Angeles de «territoire occupé».

«Nous disons depuis des années qu'il s'agit d'un combat pour sauver la civilisation. N'importe qui peut le voir aujourd'hui», a-t-il écrit sur X dimanche.
Les faits
La police de Los Angeles et les élus locaux ont indiqué que les manifestations étaient pacifiques et maitrisées avant que Donald Trump ne décide de déployer la Garde nationale.
«Il n'y avait aucun risque de rébellion, aucune menace d'invasion étrangère, aucune incapacité du gouvernement fédéral à faire respecter les lois fédérales», a notamment assuré le procureur général de le l’État, Rob Bonta.
Plusieurs analystes estiment que la répression des manifestations de Los Angeles est une façon pour Donald Trump d’affirmer son pouvoir face aux élus démocrates de la Californie.
Mensonges 2 —Des élus démocrates ont financé les manifestations
«Le gouverneur de Californie et la mairesse de Los Angeles sont incompétents et ont payé des fauteurs de troubles, des agitateurs et des insurgés. Ils se livrent à cette tentative délibérée d'annuler la loi fédérale et de permettre à des envahisseurs criminels d’occuper la ville», a avancé le président Trump, mardi.
Les faits
Bien entendu, il n’existe aucune preuve que des élus démocrates ont financé les manifestations en cours.
Le président Trump reprend ici une théorie du complot selon laquelle une élite de gauche tenterait de s’emparer du pouvoir en déstabilisant les autorités républicaines du pays.
Des personnalités complotistes, dont Alex Jones, accusent effectivement la gauche américaine de vouloir déclencher une guerre civile pour ensuite orchestrer un coup d’État contre le gouvernement républicain.
Mensonges 3 – Les manifestants utilisent des briques comme projectiles
Mardi, Donald Trump a affirmé que les contestataires s’étaient présentés aux manifestations avec des briques destinées à être utilisées comme projectiles contre les forces de l’ordre.
Il insinue que les manifestations avaient été planifiées bien avant le début des interventions orchestrées par l'ICE.
Les faits
Le président fait référence à une autre théorie du complot qui s’est répandue dans les derniers jours.
Plusieurs photos de palettes de briques ont été repartagées sur les réseaux sociaux, dont bon nombre qui n'avaient rien à voir avec les soulèvements à Los Angeles.
L’une de ces images provient, par exemple, du site web d’une entreprise de rénovation en Malaisie, a confirmé le réseau social X.
Donald Trump avait évoqué de telles théories du complot en 2020, lors des manifestations qui ont suivi la mort de George Floyd à Minneapolis.
Donald Trump multiplie les mensonges à un rythme effréné depuis son retour à la Maison-Blanche. Pour vous aider à départager le vrai du faux, notre reporter Gabriel Ouimet décortique chaque semaine des affirmations trompeuses du président dans le cadre de sa série «Le détecteur de mensonges».