Le détecteur de mensonges: les sondages mentent, l’inflation baisse et la liberté d’expression est rétablie, selon Trump


Gabriel Ouimet
Lors d’un rassemblement pour les 100 premiers jours de son deuxième mandat, Donald Trump a accusé les sondeurs de mentir sur sa faible cote de popularité. Il s’est ensuite vanté d'avoir fait diminuer le prix des œufs et de l’essence aux États-Unis, ainsi que d'avoir rétabli la liberté d’expression dans le pays. C’est faux.
Un peu de contexte
Le 29 avril, Donald Trump a livré un discours dans l’État du Michigan pour souligner les 100 premiers jours de son retour à la Maison-Blanche. «Vous n'avex encore rien vu. Nous ne faisons que commencer», a déclaré le président. Il est ensuite revenu sur ce qu'il estime être ses plus grandes réalisations. Son allocution était toutefois truffée de mensonges et de demi-vérités sur de nombreux enjeux importants. On vous en résume quatre.
Mensonge 1 – Les sondages donnent des statistiques erronées
Alors que sa popularité est au plus bas, Donald Trump a soutenu que les 100 premiers jours de son deuxième mandat étaient «les plus réussis d'une administration dans l'histoire de notre pays».
Les faits
Les taux d’approbation du républicain sont historiquement bas pour les 100 premiers jours d'un président: entre 42% et 45% selon cinq sondages publiés récemment par des médias nationaux*.
Pour expliquer ces résultats, il s’en est pris aux sondeurs qui publieraient, dit-il, des statistiques «fausses». Selon lui, si les sondages étaient honnêtes, son taux d’approbation réel se situerait «dans les 60 ou 70%».
Aucun ancien président n'a été aussi impopulaire dans les 100 premiers jours d'un mandat, à l'exception de Donald Trump lui-même, avec 41% d'opinions favorables en avril 2017.
Mensonges 2 – Le prix des œufs a chuté de 87%
«Depuis mon entrée en fonction, le prix des œufs a diminué de 87%», a affirmé Donald Trump, mardi.
Le républicain fait ici référence aux prix de gros, soit le prix payé par les commerçants aux producteurs d’œufs, et non au prix payé par les consommateurs.
Les faits
Le prix de gros a effectivement baissé depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. On parle toutefois d’une baisse d’environ 52%, selon des données publiées la semaine dernière par le ministère américain de l'Agriculture.
L’ampleur de cette baisse ne s’est d'ailleurs pas encore fait ressentir dans le portefeuille des Américains.
À l’épicerie, le prix moyen d'une douzaine de gros œufs de catégorie A était d'environ 4,95$ US quand Donald Trump est entré en fonction, au mois de janvier.
Début mars, soit environ deux mois après sa réélection, le prix a atteint 6,23$ US. Quelques jours plus tard, la moyenne était de 8,47 $US, soit près de 12 dollars canadiens. À New York, certaines catégories d’œufs ont plafonné à près de 15$ US la douzaine.
Les chiffres d'avril pourraient montrer une réduction des prix à la consommation. Ces données ne sont toutefois pas encore disponibles.
Mensonge 3 – Les prix de l’essence ont «beaucoup baissé»
Donald Trump a déclaré que «les prix de l'essence ont beaucoup baissé» depuis son entrée en fonction, précisant qu’ils venaient «d'atteindre 1,98$ US dans de nombreux États».
Les faits
Le jour du discours du président, le 29 avril, le prix moyen d'un gallon d’essence «régulière» était de 3,16$ US, selon les données de l'Association américaine des automobilistes (AAA).
Ce chiffre est légèrement supérieur aux 3,125$ US enregistrés par l'AAA le jour de l’assermentation de Donald Trump, le 20 janvier.
Aucun État n'affichait un prix moyen du gaz inférieur à 2,67$ US mardi, selon l'AAA.
Mensonge 4 – Donald Trump affirme avoir «rétabli la liberté d’expression» aux États-Unis
«J'ai interdit toute censure gouvernementale et j’ai rétabli la liberté d'expression en Amérique. Nous avons la liberté d'expression», a lancé le président.
Les faits
L'administration Trump a souvent pris des mesures visant à restreindre la liberté d’expression de personnes et d’organisations comme des médias et des universités.
Le républicain a, par exemple, gelé un financement fédéral à la prestigieuse Université Harvard qui a refusé de se plier à certaines exigences de la Maison-Blanche.
Il menace de faire subir le même sort aux universités, aux écoles primaires et secondaires et aux bénéficiaires de subventions et de contrats fédéraux qui s'expriment en faveur des politiques en matière de diversité, d’équité et d’inclusion ou qui permettent des manifestations contre la guerre entre Israël et le Hamas, notamment.
La Maison-Blanche a également exclu les journalistes de l’Associated Press (AP) des points de presse présidentiels. La raison: l’organisation n’avait pas rebaptisé le golfe du Mexique «golfe de l’Amérique» comme le souhaite le gouvernement.
Le 4 avril, un juge fédéral a ordonné à l’administration Trump de rétablir le plein accès de l’AP, soulignant que le premier amendement de la Constitution américaine empêche la Maison-Blanche de punir un média à cause de son contenu.
*Les sondages ont été réalisés par CBS News, CNN, The New York Times/Siena, ABC News/Washington Post et NPR/PBS/Marist
Donald Trump multiplie les mensonges à un rythme effréné depuis son retour à la Maison-Blanche. Pour vous aider à départager le vrai du faux, notre reporter Gabriel Ouimet décortique chaque semaine des affirmations trompeuses du président dans le cadre de sa série «Le détecteur de mensonges».