Le détecteur de mensonges: la violence conjugale n’est pas un «vrai crime», selon Trump

Gabriel Ouimet
VÉRIF — Donald Trump a répété lundi qu’aucun crime n’a été commis à Washington depuis qu’il y a déployé la Garde nationale. Le président martèle que les statistiques qui indiquent le contraire sont faussées, notamment par les cas de violence conjugale, qu’il a décrits comme des délits «moins graves» qui ne devraient pas être compilés. C’est faux.
Un peu de contexte
Donald Trump assure avoir rétabli l’ordre à Washington depuis qu’il a ordonné le déploiement de soldats de la Garde nationale dans ses rues.
La semaine dernière, le républicain a affirmé que les crimes sont en baisse de «100%» dans la capitale américaine, alors que les statistiques officielles démontrent une baisse d’environ 30% entre le 18 et le 31 août.
Plus de 790 délits, dont 85 crimes violents, ont été rapportés aux autorités locales pendant la même période, contredisant les dires du président.
Le locataire de la Maison-Blanche nie ces chiffres en exagérant les répercussions positives de la présence militaire à Washington, alors qu’il tente de justifier ses menaces de déployer des troupes dans les rues d’autres grandes villes démocrates du pays, dont Chicago et Baltimore.
Le mensonge – Les cas de violence conjugale faussent les statistiques sur le crime
Donald Trump a accusé lundi ses détracteurs d’utiliser les signalements de violence conjugale pour gonfler les statistiques sur la criminalité.
Il a affirmé que, grâce à lui, la criminalité à Washington a été éradiquée. Le président estime que les cas de violence entre partenaires amoureux ne devraient pas être comptabilisés dans les statistiques sur la criminalité, puisqu’ils ont généralement lieu derrière les portes closes de résidences privées de la capitale.
«Des choses bien moins graves, des choses qui se passent à la maison, ils appellent ça des crimes, vous voyez — ils font tout ce qu'ils peuvent pour trouver quelque chose. Si un homme a une petite dispute avec sa femme, ils disent que ça constitue un crime», a-t-il lancé lors d’un discours sur la liberté de religion prononcé au Musée de la Bible de Washington, lundi.
Les faits
Toutes les formes de violences conjugales sont considérées comme un crime aux États-Unis.
Plusieurs lois, comme la Loi sur la violence contre les femmes (VAWA) de 1994, encadrent ces violences.
Ces crimes sont d’ailleurs répandus: environ 41% des femmes et 26% des hommes aux États-Unis seront confrontés dans leur vie à des violences sexuelles, des violences physiques ou du harcèlement de la part de leurs partenaires intimes. C’est ce que révèle une enquête publiée au mois d’août 2024 par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC).
À Washington, 47% des femmes et 43% des hommes disent avoir subi une — ou plusieurs — de ces violences, selon un rapport publié l’année dernière par la DCCoalition Against Domestic Violence.
Entre 2018 et 2021, 3991 Américaines ont été tuées par un partenaire intime, selon les données du Système national de signalement des morts violentes (NVDRS). C’est en moyenne près de trois homicides conjugaux par jour.
Ces statistiques ne seraient que la pointe de l’iceberg. De nombreuses recherches en santé publique montrent que les violences domestiques ont tendance à ne pas être déclarées.
Le président tente de diminuer l'importance de ces crimes malgré le fait qu'il utilise lui-même souvent le nombre d'homicides dans une ville ou un État pour illustrer le problème de criminalité auquel il affirme vouloir s'attaquer.
Par ailleurs, la violence conjugale est un crime violent par définition, même quand elle n'aboutit pas à un meurtre.
Donald Trump multiplie les mensonges à un rythme effréné depuis son retour à la Maison-Blanche. Pour vous aider à départager le vrai du faux, notre reporter Gabriel Ouimet décortique chaque semaine des affirmations trompeuses du président dans le cadre de sa série «Le détecteur de mensonges».