Le détecteur de mensonges: la promesse de vite mettre fin à la guerre en Ukraine était «sarcastique», dit Trump


Gabriel Ouimet
VÉRIF − Donald Trump a souvent prétendu qu’il serait capable de mettre fin «rapidement» à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, notamment grâce à ses bonnes relations avec Vladimir Poutine. Plutôt que de reconnaître son échec, le républicain affirme aujourd’hui qu’il faisait preuve de «sarcasme» en évoquant ce scénario.
Un peu de contexte
Depuis qu’il est de retour à la Maison-Blanche, Donald Trump ne cesse de marteler qu’il veut mettre un terme à la guerre en Ukraine.
Après avoir rouvert les canaux de communication avec Vladimir Poutine en février, Washington a participé, sans succès, à des discussions visant à mettre un terme au conflit, qui semble s'être enlisé dans les dernières semaines.
Dimanche, une attaque de drones de l’armée russe a tué 13 civils, selon Kiev.
Moscou a indiqué que ces bombardements visaient à répondre à des attaques répétées de l’Ukraine contre les infrastructures civiles du pays.
Donald Trump a critiqué la montée des hostilités, affirmant que Vladimir Poutine était «devenu complètement fou».
Mensonge – La promesse de mettre fin rapidement à la guerre en Ukraine n’était pas sérieuse
Donald Trump a promis de mettre fin à la guerre en Ukraine à plusieurs dizaines de reprises depuis son élection.
Déjà en campagne électorale, il affirmait que la paix pourrait être négociée avant même qu’il n’entre officiellement en fonction.
Il a aussi assuré qu’il y arriverait «dans les 24 heures» suivant son retour à la Maison-Blanche.
Le républicain a cependant rectifié le tir dans les deux derniers mois, répétant qu’il s'agissait d'une plaisanterie.
«Eh bien, j'étais un peu sarcastique quand j'ai dit cela», a-t-il déclaré lors de son passage à l’émission Full Measure, à la mi-mars.
«Je l'ai dit au sens figuré et je l'ai dit en exagérant mon propos, pour faire passer un message. Évidemment, les gens savent que je l’ai dit pour plaisanter», a-t-il aussi raconté au magazine Time, à la fin avril.
Les faits
La promesse de résoudre «rapidement» le conflit en Ukraine était un élément clé du programme de son deuxième mandat.
Il a d’ailleurs souvent insisté sur le délai de 24 heures.
«Je vais y parvenir en 24 heures. Tout le monde dit: “Oh non, vous ne pouvez pas.” Bien sûr que je peux. Bien sûr que je peux», a-t-il lancé lors d'un rassemblement dans l'Iowa, en juillet 2024.
Il l’a répété lors du débat présidentiel qui l’opposait à Kamala Harris, en septembre 2024.
Le républicain a souligné que le délai de 24 heures était réaliste parce qu'il a de la «crédibilité» comme dirigeant, qu’il a un passé de «pacificateur» et qu’il «connaît bien» Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky.
Or, il n’a jamais présenté de plan concret pour résoudre le conflit.
Un peu plus de quatre mois après son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump ne semble plus aspirer à ramener «rapidement» la paix en Ukraine. Le 19 mai dernier, il a affirmé que les conditions d’un éventuel accord seraient «négociées entre les deux parties (...), car elles seules connaissent les détails d'une négociation dont personne d'autre n’est au courant».
Selon plusieurs analystes, le président américain évoque le sarcasme pour éviter d’avouer qu’il a échoué dans sa mission de mettre fin à la guerre rapidement.
Ce ne serait pas la première fois que Donald Trump se réfugie derrière le sarcasme pour répondre à la critique.
En 2020, il a été critiqué pour avoir suggéré que les gens pouvaient potentiellement guérir d’une infection à la COVID-19 en s’injectant des produits désinfectants. Face aux nombreuses critiques formulées par des membres influents de la communauté médicale américaine, il a affirmé, plus tard, que c'était une plaisanterie «sarcastique».
Donald Trump multiplie les mensonges à un rythme effréné depuis son retour à la Maison-Blanche. Pour vous aider à départager le vrai du faux, notre reporter Gabriel Ouimet décortique chaque semaine des affirmations trompeuses du président dans le cadre de sa série «Le détecteur de mensonges».