Les activités esthétiques échappent à la loi sur la médecine, disent les avocats de Piuze

Nicolas Saillant
Le Collège des médecins « cherche une interprétation nouvelle de la loi » en affirmant que les activités esthétiques comme le détatouage sont des activités médicales qui devraient être réservées aux médecins, plaident les avocats de Michèle Piuze.
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Le procès de Michèle Piuze, accusée de pratique illégale de la médecine, s’est conclu par les plaidoiries de ses avocats qui ont martelé que les activités esthétiques « échappent » à la loi sur la médecine et au giron du Collège des médecins. La propriétaire de la clinique MP Medic, sur l’avenue Maguire, est accusée d’avoir agi de manière à donner lieu de croire qu’elle était autorisée à exercer une activité professionnelle réservée aux membres du CMQ.
Plainte
Une femme avait d’abord porté plainte, en 2019, pour des « préjudices graves » à la suite d’une séance de détatouage au laser. Puis une enquêtrice s’était fait passer pour une cliente souhaitant notamment se faire diagnostiquer un problème de peau.
Selon ses avocats, Mme Piuze a fait preuve « d’une prudence exemplaire » lors de la consultation de la cliente enquêtrice, proposant même à cette dernière de consulter un dermatologue.
Quant au détatouage, le rapport de l’expert du Collège des médecins fait état que les cloques d’eau et les saignements vécus par la cliente n’étaient pas « un effet indésirable, mais un effet recherché ».
En réplique, les avocats du syndic du Collège des médecins ont plutôt fait valoir qu’une brûlure au deuxième degré, comme celle de la cliente détatouée, était « une complication qu’il faut éviter à tout prix ».
« Débat nouveau »
C’est la première fois qu’une esthéticienne se retrouve devant le Collège des médecins pour ce genre de cause. « C’est un débat nouveau et entier », a fait valoir Me Louis Masson, l’avocat de Mme Piuze.
« Le Collège mène une campagne depuis des années pour que ça change », a plaidé l’avocat tout en rappelant que le législateur n’a pas changé la loi concernant les activités d’esthétique.
La juge Sylvie Marcotte a pris la décision en délibéré et ne devrait remettre sa décision que dans plusieurs mois.