Le destin tragique de Dalida


Louise Bourbonnais
On se souviendra de Dalida comme une légende, une chanteuse devenue une icône internationale avec 170 millions d’albums vendus à travers le monde. Pourtant, la star adulée qui a rencontré un succès à faire pâlir d’envie la communauté artistique de l’époque a été malheureuse en amour au point de flirter avec la dépression et le suicide une bonne partie de sa vie. Après avoir vu ses amoureux se suicider, elle a finalement, elle aussi, mis fin à ses jours.
Décédée en 1987 à seulement 54 ans, Dalida n’a jamais voulu écrire sa biographie même si elle avait l’habitude d’écrire ses propres mémoires dans ses cahiers de notes. Elle disait que ce serait son frère cadet, surnommé Orlando et qui était aussi son producteur, qui l’écrirait et c’est en partie ce qui est arrivé. C’est Catherine Rihoit, auteure de cette biographie, qui a rencontré Orlando et récupéré ses notes, cahiers personnels et journal intime. « Le courant a passé entre nous », a écrit l’auteure, dont la biographie très étoffée vient d’être rééditée dans une version revue.
Plus de trente-cinq ans après son décès, Dalida, aux origines italiennes, née au Caire en Égypte, suscite toujours l’admiration. Talentueuse, belle, intelligente et surtout ambitieuse et déterminée à réussir, elle a su se démarquer et gravir les échelons.
En plus d’avoir lancé une quarantaine d’albums, et une centaine de singles en différentes langues, elle a aussi joué dans une dizaine de films et on a pu entendre ses chansons dans une trentaine de films.
Tout un parcours
Déjà, à l’adolescence, Dalida savait qu’elle voulait devenir célèbre et rêvait alors de faire du cinéma. La musique était omniprésente dans la maison familiale, son père étant violoniste à l’opéra du Caire.
Alors qu’elle s’oriente en secrétariat, elle décide à 18 ans de se présenter à un concours de beauté. L’idée de devenir mannequin la séduit. Il lui faudra attendre trois ans pour réaliser son rêve et gagner le premier prix de Miss Égypte. Ainsi, elle croit que son rêve de devenir actrice pourra se concrétiser. Malheureusement, après quelques rôles comme figurante, le cinéma français lui ferme ses portes.

Elle y reviendra plusieurs années plus tard, mais entre-temps, c’est la musique qui la rendra célèbre. C’est en 1956 qu’elle connaîtra son premier grand succès avec la chanson Bambino. L’ascension se fera ensuite rapidement, elle deviendra la chanteuse préférée du public à la tête des hit-parades devant Édith Piaf.
Ce n’est pas que la France et l’Égypte qui lui ouvriront les bras, mais plusieurs autres pays où elle offre des prestations. On pourra l’entendre en Israël, en Turquie, en Arabie saoudite, au Vietnam, mais aussi en Amérique du Sud, au Brésil en Argentine et bien évidemment en Europe, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Italie, en Autriche, en Suisse et au Portugal, entre autres.
Le suicide omniprésent
Si Dalida a connu la gloire sur le plan professionnel, la chance en amour n’a pas été au rendez-vous. Elle allait jusqu’à dire qu’elle portait malheur aux hommes.
Il y a d’abord eu son ex-mari, Lucien Morisse, que Dalida a quitté peu de temps après leur mariage. Il s’est suicidé en se tirant une balle dans la tête après leur divorce.
Ensuite, il y aura son amoureux Luigi Tenco, un auteur-compositeur-interprète italien avec qui elle avait l’intention de se marier. Il s’est suicidé en 1967, en se tirant, lui aussi, une balle dans la tête. Apparemment, il avait eu honte de sa prestation dans un festival. C’est Dalida qui l’a trouvé mort dans sa chambre d’hôtel. Elle en a été profondément troublée. Elle fera une première tentative de suicide après ce drame en ingérant des barbituriques, mais s’en sortira après avoir été dans le coma.
Ensuite, il y aura eu Lucio, un étudiant italien de 22 ans de qui elle tombera enceinte. Elle se fera avorter.
Quelques années plus tard, elle aura une relation sérieuse avec le chanteur et acteur français Richard Chanfray, qui s’étendra sur huit ans. Il se suicidera, lui aussi, deux ans après leur séparation, par asphyxie.
Dalida tombera amoureuse à plusieurs reprises, souvent des hommes mariés qui ne sont pas prêts à laisser leur femme pour elle.
Happée par une importante dépression, elle devient lasse de la vie. C’est en 1987 qu’elle se suicidera par surdose de barbituriques mélangés à de fortes doses d’alcool. En plus des lettres laissées à ses proches, dont une dédiée à son frère Orlando, elle laissera une note à l’intention de son public : « La vie m’est insupportable. Pardonnez-moi. »